Pour l’Autorité américaine de la concurrence, la distinction n’est pas assez claire entre contenus sponsorisés et les chroniques pures.

La Federal Trade Commission (FTC) veut proscrire le mélange des genres sur YouTube. L’Autorité américaine de la concurrence vient de rappeler à l’ordre Warner Bros pour des publicités diffusées sur la plate-forme de vidéos pour le jeu « Middle-Earth : Shadow of Mordor » (« La Terre du milieu : l’ombre du Mordor ») dont il est l’éditeur et qui a été commercialisé à la rentrée 2014.

Pour promouvoir ce jeu, Warner Bros s’était attaché les services d’une agence publicitaire en vue d’élaborer une campagne sur YouTube. Ce qui s’était traduit par la création de contenus sponsorisés réalisés notamment avec le YouTubeur le plus célèbre au monde : le « gamer » PewDiePie.

D’une durée de près de 7 minutes, la vidéo où l’on voit Felix Kjellberg – son identité dans le civil – tester, commenter et s’enthousiasmer pour « Middle-Earth : Shadow of Mordor » a été visionnée par 3,7 millions de personnes. En tout, l’ensemble des contenus sponsorisés pour ce jeu édité par Warner Bros cumulent un total de 5,5 millions de « vues », évalue la FTC.

La présence des YouTubers au sein de ce type de contenus est bien sûr rémunérée. Rien d’illogique et d’exceptionnel pour une participation à une publicité et vu l’audience que draine PewDiePie qui a capitalisé 12,7 milliards de « vues » sur l’ensemble des vidéos de sa chaîne YouTube et compte 46,2 millions d’abonnés.

Mais là où le bât blesse, c’est qu’à aucun moment dans la vidéo, il n’est précisé qu’il s’agit d’un contenu sponsorisé. L’information apparaît seulement dans le texte situé en dessous du contenu où il est fait mention que « la vidéo est sponsorisée par Warner Brother ». Sauf que comme le fait valoir la FTC, celle-ci n’est pas visible directement puisqu’il faut « clicker » sur l’onglet « Plus » pour que cette information apparaisse à l’écran.

Un mélange trouble

« Les consommateurs ont le droit de savoir si les critiques sont en train de donner leur propre opinion ou s’ils sont payés pour un pitch de vente », a avancé Jessica Rich, directrice du bureau de la protection des consommateurs de la FTC, rapporte le « Wall Street Journal » . Un mélange d’autant plus trouble que PewDiePie est un chroniqueur de jeux, ce qui est donc son activité première et celle pour laquelle il a acquis sa notoriété.

Pour mémoire, le magazine « Forbes » a estimé qu’il s’agissait du YouTubeur le mieux payé au monde et que ses revenus s’étaient montés à 12 millions de dollars sur l’année 2015. Il y a six mois, PewDiePie a aussi lancé Revelmode, son propre réseau de chaînes YouTube, avec l’appui de Makers Studios, le leader mondial des « multi-channel networks » (MCN) qui avait été racheté 500 millions de dollars par Walt Disney en mars 2014 .

En réaction à ce simple rappel à l’ordre de la FTC qui n’a donné lieu à aucune amende, Warner Bros a reconnu ses torts et fait savoir qu’il était d’accord pour améliorer ses pratiques. A l’avenir, la nature des contenus de l’éditeur diffusés sur YouTube devrait apparaître de manière plus explicite.

Pas une première pour la FTC

Du côté des conditions d’utilisation de la filiale de Google, il est fait mention que ses utilisateurs doivent lui signaler lorsqu’une vidéo a été élaborée, moyennant rémunération, mais ces derniers ne doivent pas nécessairement le signaler aux internautes et mobinautes. YouTube se contente d’indiquer à ses utilisateurs de se conformer aux réglementations en vigueur.

Ce n’est pas la première fois que la FTC s’attaque ainsi à des contenus sponsorisés sur YouTube. En septembre 2015, l’Autorité américaine de la concurrence avait trouvé un accord à l’amiable avec Machinima – l’un des principaux producteurs de vidéos sur YouTube . La FTC l’avait alors épinglé pour avoir fait de la publicité déguisée pour la Xbox One de Microsoft.

« L’accusé a promis que les vidéos de ses influenceurs ne parlerait pas de Microsoft, de la Xbox One ni des titres de lancement d’une manière négative », avait alors pointé l’Autorité américaine de la concurrence jugeant qu’il s’agissait d’une pratique commerciale trompeuse. La sanction n’a semble-t-il pas été suffisamment dissuasive. Pas sûr que ce simple rappel à l’ordre de Warner Bros et PewDiePie soit suivi de plus d’effet.