Alors qu’à chaque trimestre, les éditeurs de jeux vidéo font savoir que la vente de produits dématérialisés représente une part de plus en plus importante de leur chiffre d’affaires, Gamestop, la plus grande chaîne de magasins de jeux vidéo au monde, estime que le format physique ne disparaîtra jamais. Il y a dix ans, alors que l’ensemble des jeux n’était disponible que sous la forme de disques optiques (ou de cartouches pour certains), personne n’envisageait la disparition des magasins de jeux vidéo. Les boutiques étaient remplies d’un savant fouillis de boîtes, où les jeux neufs se mélangeaient aux titres d’occasion. Aujourd’hui, les disques sont toujours là, mais il sont maintenant accompagnés par divers lots de cartes prépayées pour Battle.net, Steam ou League of Legends et par une foule de code de téléchargements pour autant de DLC.
La mort du disque ?
Chez les éditeurs, la part du chiffre d’affaires généré par les ventes de produits physiques est en baisse constante. Chez Electronic Arts, qui est en pointe dans ce domaine, la part du physique est passée lors de l’exercice précédent sous la barre des 50 % et, cette année, elle doit atteindre les 58 %. Chez Ubisoft, la transition est également en cours, avec 26 % des ventes sous forme dématérialisées lors du dernier exercice, contre 19 % un an plus tôt. Chez Activision Blizzard, la part du dématérialisé est de 43 % sur 2014.
Toutes ces ventes de DLC et de copies numériques de jeux, sont autant de disques que les joueurs ne viennent plus chercher dans les boutiques spécialisées ou ailleurs. Ces dernières devraient donc s’inquiéter pour leur avenir, mais Gamestop, le leader du secteur (qui détient le réseau Micromania en France), ne se fait pas de cheveux blancs.
Le dématérialisé est aussi en boutique
Pour Paul Raines, le PDG de Gamestop, « les jeux sur disque sont là pour toujours » tout comme ses boutiques, par la même occasion. Il estime, ou bien il espère très fortement afin d’assurer sa survie, que le marché devrait suivre la même courbe que celui de la musique ou du cinéma « le marché de la musique a vu ses ventes physiques baisser de 50 % par rapport à son plus haut niveau et celles de films de 60 %, mais même dans un scénario catastrophe, les jeux sur disque seront encore là pour un long moment. Je vois un modèle complémentaire où l’on vend des disques plus des jeux en téléchargement, comme c’est le cas actuellement sur les consoles » affirme-t-il à nos confrères de Fortune.
Ainsi, sur les 9,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires réalisés par Gamestop en 2014, 948 millions proviennent de la vente de codes de téléchargements ou de cartes prépayées pour du contenu dématérialisé. La chaîne de magasins estime pouvoir passer la barre du milliard de dollars dès cette année.
Gamestop oublie peut-être un élément important dans son analyse : l’éclosion de services tels que GeForce Now et PlayStation Now, dont le modèle économique se passe complètement d’intermédiaire. Les magasins pourront toujours vendre les terminaux, mais quid du reste ? Si ce type de produit venait à rencontrer un large succès, l’avenir du disque sera encore un peu plus sombre, obscurcissant celui des boutiques avec lui.