Le piratage de Sony Pictures Entertainement est vraisemblablement l’une des plus importantes fraudes informatiques qui ait touché une entreprise privée. Beaucoup ont présumé que l’attaque était peut-être liée à la Corée du Nord, mais non seulement la firme minimise désormais cette hypothèse, mais le pays lui-même a réagi pour la contredire cette nouvelle.
Qu’est-ce qui c’était passé exactement ? La semaine dernière, Sony Pictures Entertainement (SPE) a été en fait attaquée par un groupe de pirates appelé « Guardians of Peace ». Ils avaient menacé Sony de révéler d’abondantes informations importantes si la compagnie ne se soumettait pas aux exigences des pirates dont la teneur n’a jamais vraiment été connue. Á peine quelques heures passées – sans même qu’une réponse ait été donnée – le groupe mettait ses menaces à exécution.
Cette fraude informatique qui en a résulté a abouti à la récupération de plus de 11 To d’informations très variées. Données personnelles sur les employés ainsi que sur les équipes de tournage et aussi les acteurs eux-mêmes, certificats de sécurité, listes d’identifiants pour des serveurs, nombreux analyses et des bilans financiers, et même cinq films dont quatre ne sont pas encore sortis en salle, et un sorti en septembre, mais non encore disponible en DVD (Fury). Aujourd’hui, presque toutes ces données se retrouvent sur l’Internet et sont accessibles un peu partout. Cette piste de la Corée du Nord très vite semblait raisonnable car le pays avait menacé les États-Unis de représailles si ce film devait sortir. Pyongyang a été particulièrement énervée par le scénario de The Interview qui relate comment deux présentateurs (James Franco et Seth Rogen) décrochent une interview de Kim Jong-un, qui dirige le pays. La CIA les contacte alors pour organiser l’assassinat de ce dernier.
Cependant Sony minimise maintenant la piste de la Corée du Nord, même si la compagnie ait confirmé de travailler avec le FBI sur ce qu’elle considère être une « attaque très subtile ». Par ailleurs, la Corée du Nord elle-même aurait fini par réagir, par l’intermédiaire d’un diplomate qui aurait tenu à rester anonyme. Il a parlé sur Voices of America et aurait condamné les rumeurs : « Relier la Corée du Nord à l’attaque contre Sony est encore une invention visant le pays ». N’oublions pas cependant qu’il est curieux que le pays, s’il désirait réagir à ce sujet, aurait pu publier un communiqué de démenti officiel.
Il s’agirait selon lui donc d’une « information inventée » de plus pour ternir l’image de la Corée du Nord. Et comme pour démontrer qu’une telle attaque est impossible, le diplomate aurait ajouté : « Mon pays a déclaré publiquement qu’il suit les normes internationales sur le bannissement du hacking et du piratage ». Seulement voilà, si les informations révélées par Edward Snowden ont bien établi un fait, c’est que « les normes internationales » sur le hacking et le piratage d’informations sont bien faibles en regard des intérêts à obtenir ces dernières.