CRITIQUE DE FILM – Trop de personnages se disputent l’attention dans cette suite prévisible, mais heureusement, la performance éblouissante, débridée et absolument géniale de Jim Carrey dans un rôle central sauve l’expérience. C’est un opus fonctionnel, bien qu’un peu trop formaté, d’une franchise en constante expansion qui n’est pas près de s’arrêter.
On pourrait être surpris de découvrir que Sonic partage pas mal de points communs avec Dominic Toretto de Fast & Furious. Certes, l’un est un hérisson bleu anthropomorphe, et l’autre un Vin Diesel bourru qui semble indissociable de sa Dodge Charger. Mais laissez-moi vous expliquer. Tous deux aiment la vitesse, sont férocement attachés à leur famille, possèdent des capacités qui frôlent celles de super-héros, excellent à transformer leurs adversaires en alliés, et sont les figures de proue de sagas cinématographiques qui regorgent de personnages secondaires.
C’est cette dernière similitude qui s’avère être le talon d’Achille de Sonic 3, le film. Le volume ahurissant d’humains et de créatures générées par ordinateur entassés dans ce film est étourdissant. Non seulement les cinéastes ont inclus une pléthore de visages familiers, mais ils ont également choisi d’introduire une flopée de nouveaux venus, dont Keanu Reeves prêtant sa voix à Shadow, Krysten Ritter dans le rôle de la sévère Directrice Rockwell, et tout un tas de méchants membres de la famille Robotnik. C’est un effort herculéen que de parvenir à équilibrer autant de fils narratifs.
Trop de cuisiniers gâtent la sauce
Sonic 3, le film reprend immédiatement après la scène post-générique du film précédent. Shadow, le double ténébreux de Sonic, connu dans les jeux vidéo comme l’antihéros taciturne par excellence, est tiré d’un demi-siècle de sommeil cryogénique. Il se débarrasse rapidement de quelques gardes, s’échappe et se lance dans une bataille contre la “Team Sonic” – le hérisson bleu, son rusé acolyte Tails, et l’échidné rouge Knuckles – au cœur de Tokyo. Cette séquence d’action survoltée est indéniablement un régal pour les yeux. La palette de couleurs vibrantes et l’ambiance générale créent une ressemblance étrange avec une version décalée, d’un univers parallèle, de John Wick. On s’attendrait presque à voir Keanu surgir. On y voit Sonic et Shadow, armé d’un pistolet, foncer à travers la métropole japonaise. Mais au-delà d’un flashback touchant (bien que, il faut l’admettre, quelque peu convenu), cela marque la fin de l’implication substantielle de Shadow.
Il est rapidement relégué à l’arrière-plan, devenant à peine plus qu’un faire-valoir du diabolique Dr. Robotnik. Cela conduit l’arc narratif de Shadow à refléter le parcours de Knuckles dans le film précédent, d’une manière désespérément prévisible. Pendant ce temps, Knuckles, même après avoir été la vedette de sa propre série dérivée, est malheureusement réduit à une seule blague récurrente. Étant donné l’importance de Shadow dans le battage médiatique pré-sortie et son statut de personnage clé dans les jeux, ce développement est une déception majeure. De même, James Marsden et Tika Sumpter, qui incarnent les parents adoptifs humains de Sonic, sont largement sous-exploités. C’est un gâchis particulièrement flagrant, compte tenu de l’appétit manifeste du public pour le talent comique de Marsden après son passage mémorable dans la série Jury Duty d’Amazon.
De plus, nous faisons la connaissance de Lee Majdoub dans le rôle du flagorneur Agent Stone, larbin de Robotnik, à qui l’on attribue une intrigue émotionnelle surprenante mais finalement superficielle. Puis il y a la Rockwell de Ritter, un personnage qui se résume à peine à un commandant militaire rigide et borné. Ah, et d’une manière ou d’une autre, Tails et Wade Whipple, incarné par Adam Pally (un personnage central de la série Knuckles), sont également intégrés de force dans le récit, sans oublier une poignée de caméos. Le film est tout simplement au bord de l’implosion, incapable de servir correctement sa distribution pléthorique.
Le show extravagant de Carrey
Néanmoins, même si une grande partie de la distribution est lésée par le scénario, une star récurrente fait de Sonic 3, le film un film tout à fait agréable à regarder : Jim Carrey. Le voir embrasser l’absurdité d’un méchant littéral, qui se tord les moustaches, est un pur délice, à tel point que sa performance, englobant à la fois Robotnik et son grand-père, Gerald Robotnik, éclipse tous les autres aspects du film. Le jeu de Carrey est encore plus merveilleusement excentrique qu’auparavant, en particulier lorsqu’il se glisse dans le personnage du vieux Gerald, grincheux et fraîchement évadé de prison, qui cherche à utiliser Shadow comme un instrument de vengeance planétaire.
À un moment donné, l’acteur se lance dans un numéro de danse absolument farfelu, presque burlesque. Il y a aussi un moment astucieux où il brise le quatrième mur, ce qui aurait facilement pu tomber à plat, mais le talent de Carrey assure un instant de pure comédie. Son énergie est contagieuse, dynamisant chaque scène dans laquelle il apparaît. Tout comme pour les deux précédents films Sonic, celui-ci est indéniablement le véhicule de Carrey.
Cela ne veut pas dire que Sonic lui-même est ennuyeux. Le héros, incarné par la voix toujours excellente de Ben Schwartz, affiche une assurance nouvelle, et ses répliques font mouche plus systématiquement cette fois-ci. Le réalisateur Jeff Fowler a comparé l’évolution de Sonic à celle de Harry Potter, suggérant que la maturité du personnage reflète celle de ses jeunes fans. Cette comparaison est pertinente dans Sonic 3, le film. Bien que son arc narratif de découverte de soi et d’apprentissage des ficelles du leadership emprunte des sentiers battus, il reste le cœur émotionnel de la franchise, une franchise qui ne montre aucun signe de ralentissement.
Un régal pour les yeux, mais au bord de l’implosion
Il est important de souligner l’excellence continue des effets visuels du film. Le premier film avait été entaché par le tristement célèbre design initial de Sonic, nécessitant une refonte coûteuse et chronophage, tandis que le second avait été confronté à des obstacles de production en raison de la pandémie mondiale. Sonic 3, le film, en revanche, présente le spectacle visuel le plus éblouissant de la trilogie, le climax du troisième acte étant particulièrement adapté à l’expérience cinématographique. De plus, cet opus parvient à ne pas dépasser les deux heures, un exploit qui semble presque miraculeux étant donné son ensemble tentaculaire, digne des Avengers.
Sonic 3, le film est finalement un volet de franchise qui, bien que surpeuplé et s’appuyant sur des tropes éculés, parvient à fournir un niveau de divertissement raisonnable, en particulier pour les plus jeunes. Articulé autour de deux personnages d’exception, Sonic et Robotnik, c’est une escapade familiale qui ne révolutionne pas le genre mais maintient un rythme suffisant pour susciter l’enthousiasme du public pour les futures suites. Si Carrey, qui a fréquemment évoqué la possibilité de prendre sa retraite, choisit de faire de ce film son chant du cygne, ce serait une conclusion appropriée, bien que peu novatrice, à son implication. Cependant, si Carrey décide de rester à bord, le public continuera sûrement à savourer ses performances débridées.
-Gergely Herpai “BadSector”-
Sonic 3, le film
Direction - 6.1
Acteurs - 7.2
Histoire - 4.6
Visuels/Musique/Sons/Action - 8.1
Ambiance - 6.4
6.5
CORREKT
Résumé : Sonic 3, le film est une aventure surchargée mais finalement divertissante, centrée sur la dynamique entre Sonic et Robotnik. Le film bénéficie d'effets visuels impressionnants et d'une intrigue qui, bien que prévisible, reste suffisamment engageante. Jim Carrey livre une performance remarquable, et si c'est effectivement son dernier tour de piste en tant que Robotnik, c'est un adieu mémorable.