5 salariés du studio français de jeux vidéo ont été condamnés pour des délits d’initiés par la Commission des sanctions de l’AMF. Le gendarme financier leur reproche d’avoir cédé leurs actions avant le report de son jeu Watch Dogs, à l’automne 2013, et de s’être ainsi enrichi grâce à une information privilégiée. Les sanctions sont lourdes, allant jusqu’à 700.000 euros.
Ubisoft: 5 salariés condamnés par l’AMF pour des délits d’initiés.
5 salariés du studio français de jeux vidéo ont été condamnés pour des délits d’initiés par la Commission des sanctions de l’AMF. Ce que leur reproche le gendarme financier est d’avoir cédé leurs actions avant le report de son jeu Watch Dogs, à l’automne 2013, et de s’être ainsi enrichi grâce à une information privilégiée. Les sanctions sont lourdes allant jusqu’à 700.000 euros.
C’est un épisode dont ce serait bien passé Ubisoft, le lendemain de l’annonce par Vivendi d’une hausse de sa participation dans le capital de l’éditeur de jeux vidéo (25,15%). La Commission des sanctions de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a voulu frapper fort: 700.000 euros d’amende pour Yanis Mallat, PDG du studio Ubisoft de Montréal, 200.000 euros pour Christine Burgess alors directeur général d’Ubisoft en charge de la production internationale, 200.000 euros pour Francis Baillet le vice-président “Corporate Affairs”, 100.000 euros pour Olivier Paris le Vice-président exécutif et 15.000 euros pour Damien Moret le directeur de développement de marque. Soit en cumulé, 1,215 million d’euros d’amende pour les 5 salariés. La banque Transatlantique, par lesquelles les opérations litigieuses avaient transitées, n’est pas non plus épargnée, avec une sanction de 60.000 euros.
L’AMF reproche aux cinq cadres d’Ubisoft, qui vient de fêter ses 30 bougies, d’avoir commis un délit d’initié entre le 18 septembre 2013 et le 15 octobre de la même année. En clair ils auraient vendu d’importants volumes d’actions juste avant que le cours d’Ubisoft ne décroche brutalement de plus de 25% après l’annonce du report de deux jeux phares AAA d’Ubisoft: Watch Dogs et The Crew après les fêtes de fin d’année. Ainsi pour le gendarme financier, ces salariés ont faussé le marché en profitant d’une information qu’ils détenaient pour s’enrichir, aux détriments des autres investisseurs.
Une procédure “injustifiée, infondée et illégale”
Les sanctions prononcées pour Yanis Mallat, Francis Baillet et Christine Burgess sont d’ailleurs les mêmes que celles demandées par le rapporteur de l’AMF. Ubisoft a décidé de prendre “acte de cette décision mais indique qu’il ne doute pas de la bonne foi des personnes concernées. Nous sommes persuadés que nos collaborateurs mis en cause n’avaient pas l’intention de commettre un acte contraire à la réglementation en vigueur”. Le studio français défend ses collaborateurs sur le fond du dossier en arguant que “compte tenu des modes et calendriers de production des jeux dans l’industrie du jeu vidéo et au sein de notre société nous estimons qu’au moment où ils ont effectué leurs cessions nos collaborateurs ne pouvaient connaître ou anticiper la décision ultérieure de report du jeu en cause prise par Yves Guillemot le 11 octobre 2013”. Le studio demeure sur sa position développée lors de son audition devant la Commission des sanctions. Pour Ubisoft, la décision “témoigne d’une mauvaise compréhension du processus de fabrication des jeux dans notre industrie. Chaque développement et commercialisation de jeu mobilise de multiples équipes au sein de l’entreprise mais seul le PDG du Groupe peut prendre une décision exceptionnelle telle que le report de la date de sortie d’un jeu”.
Les deux salariés condamnés aux plus lourdes pertes (Yanis Mallat et Francis Baillet) ont décidé de faire appel de cette décision. Ils ont déclaré être “convaincus que l’ensemble de cette procédure est injustifiée, infondée et illégale”. Ces 3 salariés avaient décidé de contre-attaquer juste avant leur audition devant la Commission des sanctions en lançant une procédure de “requêtes en nullité d’enquête et en dommages” contre l’AMF et également contre son homologue québécois qui a participé à la procédure. Selon eux, “la Commission constate d’ailleurs la nullité des auditions menées au Québec. Nous continuerons donc de défendre notre bonne foi et nos droits devant la Cour d’appel en France mais également dans le cadre de l’action intentée au Québec contre l’AMF France et l’AMF Québec”. Quitte à passer pour des lapins crétins?