CRITIQUE DE SÉRIE – Imaginez : vous avez tout ce dont la plupart des gens ne font que rêver. Très jeune, vous rencontrez l’amour de votre vie, qui deviendra votre épouse, puis la mère de vos enfants. Tout ce que vous possédez, tout ce que vous partagez, vous l’avez obtenu à la sueur de votre front. Vous avez fait vos études, grimpé les échelons du boulot le plus ingrat jusqu’à la direction, et travaillé sans relâche pour obtenir de meilleures voitures, de plus grandes maisons, le genre de luxe réservé à une poignée d’élus…

Et puis, en regardant autour de vous, vous avez la conviction profonde d’avoir tout accompli : épouse, enfants, amis fidèles, indépendance financière, vie de luxe, belles voitures, maison, respect, bon travail… Jusqu’au jour où vous rentrez chez vous et surprenez votre meilleur ami au lit avec votre femme, et là, tout vole en éclats. Que fait un homme digne de ce nom ? Il laisse tout à la femme et aux enfants qu’il aime, accepte que son meilleur ami prenne sa place et se réfugie dans le travail. Mais quand, en plus, il se fait lâchement virer de son job ?

Notre héros, Andrew Cooper (campé par John Hamm), en pleine dépression nerveuse, décide alors simplement d’envoyer valser ce monde d’hypocrisie : il se venge discrètement en “empruntant” des objets précieux – montres, tableaux, bouteilles rares… – chez ses connaissances.

Vengeance feutrée, mais sans pitié

Ce point de départ suffit à lui seul à capter l’attention. La déchéance d’Andrew, ses tourments intérieurs et sa façon de tout gérer alternent constamment entre drame pur et humour ravageur. Cette ambivalence donne à la série une saveur singulière, assez unique. Il y a un vrai comique – parfois absurde – à suivre notre héros dans des parties de golf, alors qu’on entend ses pensées cinglantes sur ses relations et qu’il planifie ses futurs larcins. Mais évidemment, il ne s’attend pas à l’événement qui va transformer ce jeu en véritable cauchemar. Pas de spoilers, laissez-vous surprendre !

John Hamm, seul au centre du cyclone

Côté casting, on est clairement face à un One Man Show. Le personnage incarné par John Hamm est le centre de gravité : tout tourne autour de son effondrement et de la tempête qui l’entraîne. Les autres personnages apportent quelques bonnes répliques ou nuances, mais restent en retrait – ce qui ne nuit en rien, tant l’ensemble fonctionne. L’intrigue demeure imprévisible et palpitante, impossible de deviner la suite vingt minutes à l’avance. Parfois, j’ai ri malgré moi de l’absurdité des situations, parfois l’intensité m’a happé.

La révélation inattendue de l’année

En résumé : de la première à la dernière minute, la série captive et surprend. J’ai été bluffé du début à la fin. C’est le show sorti de nulle part, sans attente particulière, et qui s’est révélé la plus belle surprise de l’année. Des situations absurdes, de l’humour noir, une prestation magistrale de John Hamm et un scénario toujours imprévisible – pour moi, c’est carton plein, je recommande vivement. La saison 2 déjà annoncée est très attendue : jusqu’où peut aller cette descente aux enfers ?

– Sonny Cavalera –