CRITIQUE CINÉMA – James Gunn livre enfin sa vision décalée et son humour piquant à Superman, réalisant un film qui bouscule les codes du super-héros tout en rendant hommage aux classiques. Nous avons assisté à la projection presse mercredi matin à l’Etele Plaza – la salle était correcte, mais un écran IMAX aurait sans doute donné une toute autre ampleur à l’expérience. Le Superman de Gunn ne cherche pas à plaire à tout le monde : il est sincère, coloré, parfois plus insolent que ce à quoi les fans de DC sont habitués.
Les films de Gunn nous ont toujours habitués à un humour irrévérencieux et à des changements de ton inattendus, mais il y a, sous la surface, une sincérité enfantine, ainsi que cette conviction qu’un seul marginal (ou extraterrestre) peut vraiment rendre le monde meilleur. Il est donc logique que le réalisateur des Gardiens de la Galaxie s’attaque aujourd’hui à l’alpha des super-héros, Superman, et qu’il appose ses propres marques de fabrique sur ce personnage culte. Le film semble parfois trop chargé ou un peu dispersé, mais ce Superman version Gunn est tour à tour étrange, audacieux et réfléchi, mêlant le charme du héros d’antan à la décontraction du cinéaste.
Les capes se relèvent – L’univers DC fait peau neuve
Sorti dans les salles de Budapest le 11 juillet, le dernier blockbuster de Warner Bros n’est pas une simple tentative de reboot, comme en 2013 avec Man of Steel ou en 2006 avec Superman Returns – c’est le premier chapitre d’un tout nouvel univers DC guidé par Gunn et Peter Safran. Cette fois, le rôle-titre ne revient pas à une star hollywoodienne établie, mais à David Corenswet (Twisters, Lady In The Lake), un acteur encore peu connu qui enfile pour la première fois la cape du fils de Krypton.
L’histoire se déroule toujours à Metropolis, où Superman sauve la mise depuis trois ans, alors qu’à l’extérieur il n’est qu’un modeste journaliste, Clark Kent, au Daily Planet – en secret, il vit une histoire d’amour avec Lois Lane (Rachel Brosnahan), la seule à connaître sa vraie identité. Mais cet équilibre vole en éclats lorsque Lex Luthor (Nicholas Hoult, toujours aussi arrogant) fera tout pour convaincre le gouvernement américain que cet extraterrestre est une menace qu’il faut éliminer à tout prix.
L’escouade déjantée de Gunn
Avec la trilogie des Gardiens de la Galaxie, Gunn avait déjà prouvé que les marginaux, l’humour décalé et l’émotion sincère pouvaient parfaitement cohabiter dans un film de super-héros. Son The Suicide Squad de 2021 a également apporté un ton nouveau au genre : c’est bruyant, sanglant, parfois complètement absurde, mais toujours profondément marqué par l’empreinte de Gunn.
On retrouve ces mêmes ingrédients dans Superman, même si, cette fois, tout ne fonctionne pas parfaitement. Le scénario est inutilement complexe, avec des nations fictives (Boravia contre Jarhanpur) en guerre en toile de fond, tandis que Luthor manigance dans l’ombre pour dresser le monde entier contre Superman. Des personnages secondaires comme le prétentieux Green Lantern (Nathan Fillion) et l’irrésistible Mister Terrific (Edi Gathegi) détournent d’abord l’attention, mais finiront par jouer un rôle essentiel dans le récit principal.
Corenswet : un Superman qu’on n’adore pas tout de suite, mais qu’on n’oublie pas
Le Superman de David Corenswet paraît d’abord plus réservé et moins charismatique que celui de Henry Cavill, mais Gunn ne cherche jamais à copier ses prédécesseurs. Ce Superman est avant tout un symbole du devoir, moins porté par le charisme que par la responsabilité – c’est pourquoi, aux yeux des habitants de Metropolis, il n’est « qu’un super-héros de plus », du moins jusqu’à ce qu’une série d’épreuves le pousse à se redéfinir.
Gunn introduit également un grand rebondissement dans le passé du personnage (pas de spoilers !), maladroitement au début, mais qui finit par apporter une véritable émotion. Gunn a toujours eu le chic pour mettre en scène les losers et les laissés-pour-compte : cette fois, il révèle le côté plus humain, plus terrestre de Superman. Les blagues ne font pas toujours mouche (le chien surexcité de Superman, Krypto, divisera sans doute le public), mais l’inventivité visuelle de Gunn est omniprésente : créatures étranges, couleurs éclatantes, mondes parallèles. Et surtout, le film place encore et toujours l’humanité au centre – même si les personnages ne s’en rendent compte qu’à la toute fin.
Détruire le mythe ou inventer une nouvelle légende ?
Le nom de Christopher Reeve reste à jamais associé à Superman, mais Corenswet signe ici le Superman le plus attachant de ces dernières décennies. Le film est loin d’être parfait, mais Gunn et Corenswet réussissent à rendre l’Homme d’Acier plus humain, sans pour autant renier la légende.
– Gergely Herpai « BadSector » –
Superman
Direction - 6.6
Acteurs - 7.8
Histoire - 6.2
Visuals/Music/Sounds/Action - 8.2
Ambiance - 7.1
7.2
BON
Le Superman de James Gunn est bien plus une réinvention qu’un simple reboot : plus grinçant, parfois même cynique, mais indéniablement plus humain, avec la patte du réalisateur à chaque scène. Même si l’histoire part parfois dans tous les sens, la créativité visuelle et l’émotion du film le distinguent nettement du lot. Le Superman de Corenswet n’est enfin plus seulement une icône : c’est un personnage véritablement incarné.