Selon le témoignage d’une victime, des faits particulièrement graves se seraient déroulés chez l’éditeur français ; les trois accusés nient les faits.
Serge Hascoët, ancien directeur créatif, et Tommy François, ex-vice-président éditorial et créatif, ont quitté l’entreprise à l’été 2020 après des accusations généralisées d’abus, de harcèlement et de discrimination chez Ubisoft, dont certaines visaient spécifiquement ces deux dirigeants. Guillaume Patrux, ex-directeur, a également été accusé de harcèlement et d’intimidation. Au total, cinq anciens cadres d’Ubisoft ont été arrêtés par la police française en 2023 après une enquête d’un an sur le harcèlement sexuel et moral dans la société. Les trois hommes nient les faits.
Le procès a débuté au début du mois, et les témoins ont décrit la terreur et la déshumanisation ressenties. Le procureur Antoine Haushalter a présenté des preuves accablantes de harcèlement. Pendant quatre jours d’audience, d’anciennes employées ont raconté avoir été attachées à une chaise, forcées de faire le poirier, et exposées en permanence à des remarques sexistes et à des blagues misogynes ou homophobes. Elles ont aussi évoqué des dessins de pénis collés sur leurs ordinateurs. Un dirigeant aurait pété au visage de collègues, gribouillé des femmes au feutre, donné des massages d’épaule non sollicités, diffusé des films pornographiques en open space, et un autre dirigeant aurait claqué un fouet au-dessus des têtes.
Une victime présumée a comparé la culture de travail à un « boys club » entre 2010 et 2020, affirmant que les blagues et propos à connotation sexuelle étaient la norme. Une femme travaillant pour François a déclaré que l’ex-vice-président l’avait forcée à faire le poirier en jupe. Elle en avait peur et s’est pliée à la demande pour que ça cesse. Il est aussi accusé d’avoir embrassé de force une collègue lors d’une fête de Noël pendant que des collègues la maintenaient, et, selon une autre témoin, d’avoir saisi une femme par les cheveux pour l’embrasser de force lors d’un déplacement aux États-Unis.
Aucune des personnes présentes n’est intervenue ou n’a mis fin à la scène, et lorsque la victime a signalé l’incident aux RH après son retour, on lui a demandé de ne pas en faire une histoire. Elle a ensuite dû démentir des rumeurs selon lesquelles elle aurait embrassé François, alors qu’elle savait qu’il s’agissait d’une agression. Elle affirme que ces incidents l’ont laissée choquée, humiliée et décrédibilisée professionnellement. François nie toutes les accusations et affirme qu’il régnait une « culture de la blague » dans le studio, ajoutant qu’il n’a jamais voulu faire de mal à qui que ce soit.
Hascoët est également accusé de harcèlement sexuel et moral. Il aurait dit lors d’un voyage que l’une de ses collègues n’avait pas assez de rapports sexuels et qu’il allait lui montrer comment la calmer en couchant avec elle dans la chambre voisine. Il aurait aussi parlé de sexe au bureau, harcelé ses assistantes et leur aurait imposé des tâches personnelles sur leur temps de travail, comme aller chercher des colis. L’ex-dirigeant nie toutes les accusations, affirmant n’avoir jamais voulu harceler qui que ce soit et ne pas penser l’avoir fait.
Patrux, lui aussi poursuivi pour harcèlement sexuel et moral, aurait frappé les murs, simulé des coups sur le personnel, joué avec un briquet près du visage de collègues, mis le feu à la barbe d’un salarié et menacé de fusillade dans les bureaux. Il aurait également claqué un fouet près du visage de ses collègues. Après quatre jours d’audience, les juges se sont retirés pour délibérer. Les trois accusés nient tous les faits.
Source : Gamesindustry, The Guardian