Le film Fight Club ne s’est pas illustré de manière absurde uniquement dans la politique hongroise : il y a des années, un jeu vidéo basé sur le film est également sorti, avec le chanteur de Limp Bizkit en personnage jouable. Un projet tristement célèbre, renié par David Fincher lui-même. Sorti trop tard, il n’a rien apporté à l’héritage du film – au contraire.
L’industrie du jeu vidéo a depuis longtemps compris qu’il n’est pas nécessaire d’adapter chaque film à succès. Mais durant plusieurs générations de consoles, on a vu défiler des adaptations bancales de Batman, Star Wars ou Harry Potter. Le pire, c’est quand des œuvres profondément cinématographiques, comme Reservoir Dogs ou Fight Club, ont été transformées en jeux sans aucune logique.
Fight Club est un cas d’école. Réalisé par David Fincher, le film est l’un des plus analysés et controversés des années 90. Le réalisateur lui-même a avoué être mal à l’aise avec l’idolâtrie que suscite son personnage principal, déclarant « je ne sais pas comment aider ces gens ». Et pourtant, en 2004, un jeu Fight Club est sorti sur PS2 et Xbox – une adaptation tardive que personne ne demandait.
Un jeu de combat absurde dès le départ
Le concept posait déjà problème, mais tout est allé de mal en pis lorsqu’on a découvert qu’il s’agissait simplement d’un jeu de combat – et d’un mauvais. Développé par Genuine Games et miraculeusement édité par Vivendi, le jeu était à des années-lumière des références du genre comme Tekken ou Street Fighter. Malgré quelques idées originales, comme un système de blessures en rayons X (qu’on retrouvera plus tard dans Mortal Kombat), le gameplay manquait cruellement de profondeur.
Le mode histoire n’a rien arrangé. Ce qui aurait pu être un atout majeur se résumait à une aventure de rue fade, racontée à coups d’images fixes et de doublages médiocres, sans aucune ressemblance avec Edward Norton ou Brad Pitt. L’intrigue n’abordait aucun des thèmes du film, se contentant de suivre un inconnu grimpant les échelons du club pour devenir le bras droit de Tyler Durden.
Avant même les critiques des joueurs, les développeurs ont dû affronter celles de Fincher et Norton. Selon Time Extension, ils ont tout fait pour bloquer le projet : interdiction d’utiliser leurs visages, et tentatives actives pour empêcher la sortie du jeu. Finalement, le seul visage connu dans le jeu était celui de Fred Durst, chanteur de Limp Bizkit et grand fan du film, jouable en tant que personnage bonus.
On comprend vite pourquoi personne ne voulait de cette adaptation. Malgré l’envie d’offrir des combats réalistes, les développeurs semblaient passer à côté du message du film. Le jeu est sorti sans avoir été peaufiné, sans scénario solide, et sous la pression de Vivendi, qui voulait en finir vite. Résultat : un jeu de baston médiocre, peuplé de caméos absurdes.
Même la nostalgie ne suffit pas à le réhabiliter. Les critiques ont dénoncé son absurdité, et son gameplay creux rappelait plus une parodie de Tekken qu’autre chose. Il ne reste plus que les développeurs pour s’en souvenir avec un brin d’amertume – eux qui auraient aimé pouvoir en faire plus.
Source : 3djuegos