CRITIQUE DE FILM – Mala influencia, production espagnole diffusée sur Netflix, démarre comme une romance estivale classique aux accents érotiques doux, mais s’effondre totalement dans un final incohérent qui ruine les rares qualités du film.
Il existe une recette éprouvée pour les films de ce genre, et Mala influencia la suit à la lettre – à ne pas confondre avec la série documentaire Bad Influence: The Dark Side of Kidfluencing, également sur Netflix, mais au ton radicalement différent. La réalisatrice et scénariste Chloé Wallace opte ici pour une approche conventionnelle : une romance adolescente visuellement léchée, ponctuée de quelques touches de thriller pour masquer son manque d’originalité. L’ensemble fonctionne tant qu’on se contente du décorum – jusqu’au moment où le film plonge dans une résolution absurde qui laisse un goût amer.
Beautés plastiques, attirance attendue et scénario prévisible
Le film mise d’abord sur l’apparence : deux jeunes comédiens au physique irréprochable – Alberto Olmo et Eléa Rochera – sont réunis dans une dynamique amoureuse télégraphiée. Leurs mondes sociaux sont opposés, leur relation est censée être impossible, et pourtant elle devient inévitable. Le récit capitalise longuement sur cette tension jusqu’à une scène d’amour élégamment filmée, mais dénuée de véritable sensualité. Olmo arbore un regard ténébreux, Rochera minaude avec un sourire complice : tout est calibré, tout est attendu.
Leur alchimie, indéniable, est l’un des rares éléments à sauver. La caméra les flatte, leur présence est engageante, et l’on pourrait presque y croire… jusqu’à ce que le scénario tente de s’aventurer sur un terrain plus complexe – sans jamais maîtriser son virage.
Bodyguard amateur, ballerine menacée et intrigues inutiles
L’intrigue prend une tournure curieuse : Eros (Olmo), jeune homme tout juste sorti de prison, est engagé par son mentor Bruce (Enrique Arce) pour protéger sa fille Reese (Eléa Rochera), ballerine harcelée par un inconnu. Une solution simpliste pour un problème sérieux – mais qui sert avant tout à rapprocher les protagonistes. L’idée que deux adolescents attirés l’un par l’autre passent leurs journées ensemble, sans conséquences, est une naïveté scénaristique typique du genre.
Le harceleur est censé incarner la tension dramatique du film, mais ce fil narratif se désagrège rapidement. Eros a ses propres secrets, et ses amis Diego (Farid Bechara) et Peyton (Mirela Balic) l’aident à réunir de l’argent pour éviter que le petit frère de Diego, Simon, ne soit placé en foyer. Mais ces éléments secondaires sont vite oubliés, et le scénario se désintéresse de sa propre trame.
Raul (Fernando Fraga), l’ex-petit ami antipathique de Reese, semble être le coupable idéal, mais le film insiste tellement sur sa culpabilité qu’il devient vite évident qu’il ne l’est pas. Les événements s’enchaînent sans logique : vitres brisées, colis inquiétants, personnages indifférents. L’absence totale de réaction crédible de la part des protagonistes rend l’ensemble profondément artificiel.
Entre mystère tiède et érotisme aseptisé
Dans un thriller érotique assumé, ce manque de cohérence serait excusable. Mais Mala influencia refuse de s’assumer : il flirte avec plusieurs genres – romance interdite, drame social, suspense psychologique – sans jamais s’engager franchement dans aucun. Le résultat est un patchwork fade, ni sensuel, ni palpitant, ni émouvant.
Les comédiens font ce qu’ils peuvent, et les décors méditerranéens apportent un certain charme visuel. Olmo et Rochera mériteraient de meilleurs rôles ; leur talent se devine, mais le scénario ne leur offre rien de solide à jouer. Le film, lui, s’enlise dans une conclusion abracadabrante, complètement déconnectée du reste, et laisse le spectateur perplexe et frustré.
– Gergely Herpai “BadSector” –
Mala influencia
Direction - 3.4
Acteurs - 2.8
Histoire - 1.6
Visuels/Musique/Sons - 6.2
Ambiance - 2.4
3.3
MAUVAIS
Mala influencia tente de masquer la banalité de sa romance adolescente derrière un suspense mal ficelé, mais échoue à captiver sur tous les fronts. Malgré deux interprètes prometteurs, le film accumule les maladresses narratives et finit par s’auto-saboter. Un visionnage oubliable, à réserver aux plus curieux – ou aux insomniaques.