TEST – En tant qu’amateur de JRPG au tour par tour et de jeux d’action nerveux, Clair Obscur : Expedition 33 m’a captivé dès les premières secondes. Un jeu qui mêle stratégie tactique, réflexes en temps réel et direction artistique sublime ? Difficile de résister. Maintenant que j’en suis venu à bout, je peux le dire sans détour : je suis ravi d’avoir vécu cette aventure. Avec seulement vingt développeurs, le studio français Sandfall signe une épopée digne des plus grands noms du genre – et parfois même au-dessus. Le monde vidéoludique a cruellement besoin de RPG aussi ambitieux et personnels.
Pour moi, Clair Obscur: Expedition 33 a été la première véritable claque de l’année – dans le bon sens du terme. Je m’attendais à un RPG indépendant soigné et passionné, du genre que seules les petites équipes savent réaliser. Et oui, le jeu remplit parfaitement cette promesse… mais il va bien au-delà. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est l’incroyable personnalité et la sensibilité artistique qui se dégagent du projet. JRPG ? Oui, mais on pourrait aussi bien parler de FRPG, tant l’identité française de Sandfall imprègne chaque moment de jeu. Chaque choix de design transpire une vision audacieuse, qui ose explorer des thématiques rarement abordées dans le genre – voire dans le jeu vidéo en général.
Un monde en ruines sous l’ombre d’un compte à rebours funeste
Pour ceux qui seraient passés à côté : Expedition 33 se déroule dans un monde brisé, où la ville de Lumière a été isolée du reste du continent à la suite d’un cataclysme étrange. Depuis son port, on aperçoit un monolithe colossal et mystérieux, marqué d’un chiffre qui diminue chaque année – de 100 jusqu’à 0. Et à chaque nouvelle année, les habitants dont l’âge correspond au chiffre disparaissent sans explication. Le prologue ne se contente pas d’un pitch intrigant : Sandfall choisit de ne rien surligner, de ne rien simplifier. Le mystère reste entier, et c’est ce qui rend cette entrée en matière aussi fascinante. Pourquoi cela se produit-il ? Qui en est à l’origine ? Et qu’est-il arrivé aux expéditions précédentes ?
Ces interrogations ne sont pas décoratives. Toute la narration repose sur ce flou volontaire. Les personnages sont riches, touchants, et n’ont pas peur de laisser entrevoir leurs failles. Le récit est truffé de rebondissements – certains bluffants, d’autres plus fous, et quelques-uns un peu forcés, sans doute à cause de cette volonté de tout garder secret jusqu’au dernier acte. Mais malgré ces excès, la tension narrative ne faiblit jamais.
Et on n’a même pas encore parlé du monde en lui-même. Expedition 33 déploie un univers fantasy très particulier, avec un design marqué et des règles atypiques. À titre personnel, ce n’est pas l’univers de JRPG qui m’a le plus marqué – l’ambiance post-apocalyptique donne davantage l’impression d’un vaste labyrinthe étouffant qu’un monde vivant et vibrant. Oubliez les villes peuplées et les PNJ qui racontent leur vie : ici, tout est solitude. Seuls les gestrals, sortes de moogles à la française, viennent briser le silence – adorables, certes, mais empreints de mélancolie.
Le système de combat au tour par tour le plus dynamique que j’aie jamais vu
Jusqu’ici, on a surtout parlé de l’univers – mais passons aux choses sérieuses : le système de combat. Honnêtement, ce que Sandfall a construit ici m’a scotché. Le studio a pris les fondations classiques du tour par tour, et les a dopées avec des mécaniques actives qui rendent chaque affrontement captivant. Chaque attaque ou compétence est accompagnée d’un petit quick-time event, qui permet d’augmenter les dégâts ou de déclencher des effets supplémentaires. Mais le vrai coup de génie, c’est la défense. À chaque tour où l’ennemi frappe, on peut tenter d’esquiver ou de parer – et tout repose uniquement sur nos réflexes.
L’esquive est plus simple, mais une parade parfaitement synchronisée permet de contre-attaquer directement et d’infliger d’énormes dégâts. On est clairement dans une logique « risquer pour mieux gagner » qui m’a complètement happé. J’ai passé des heures à décoder les schémas d’attaque ennemis, à anticiper leurs feintes de plus en plus vicieuses. Il est pratiquement impossible de sortir d’un combat sans la moindre éraflure.
Mais rassurez-vous, la couche tactique ne disparaît pas pour autant. L’interface rappelle un peu Persona, mais le fonctionnement évoque plutôt un Hearthstone version RPG : on dispose de neuf points d’action à dépenser. Les compétences les plus puissantes coûtent cher, mais font très mal – et il faut toujours peser le pour et le contre : tout dépenser maintenant ou garder des munitions pour le prochain tour ? Chaque personnage possède d’ailleurs ses propres mécaniques uniques : Gustave charge un gantelet qui explose quand la jauge est pleine, tandis que Sciel combine des cartes de lumière et d’ombre pour libérer des attaques spectaculaires. Les découvrir et les maîtriser est un vrai plaisir.
Ce qui m’a un peu freiné, en revanche, c’est le système des Picts. Il s’agit de bonus passifs à débloquer avec des points spécifiques, et bien que le système soit intelligent, il oblige à naviguer souvent dans les menus. Ce qui casse parfois un peu le rythme général de l’exploration. Au bout d’un moment, j’ai décidé de les ignorer en dehors des moments critiques. Et malgré ça, le jeu n’est pas trop punitif en mode normal – à condition d’avoir le sens du timing pour les esquives et les parades. Chaque combat donne l’impression qu’on joue sa vie – et le jeu excelle dans ces moments où tout semble perdu… jusqu’à ce qu’on réussisse un retournement de situation héroïque.
Bien plus qu’un beau jeu – une vraie œuvre d’art
Ce qui rend Expedition 33 encore plus spécial, c’est sa direction artistique. Techniquement, le jeu est solide – l’Unreal Engine 5 tourne sans accroc – mais c’est son style visuel qui fait toute la différence. Le titre délaisse le format open world au profit d’une structure plus old school : une carte du monde somptueuse, avec des zones linéaires remplies de secrets. Plus on avance, plus ces régions deviennent complexes et denses. On y trouve des ennemis optionnels redoutables, des mini-jeux, et tout un tas de zones cachées à découvrir. Oubliez les marqueurs et les journaux de quête : ici, c’est à l’ancienne. Aucune aide, aucune indication – juste le plaisir brut de l’exploration, comme au temps des JRPG d’antan.
Et comme je l’ai dit, ce n’est pas juste une question de technique – c’est avant tout une question de cœur. Expedition 33 est un jeu profondément sensible, et cela se ressent particulièrement dans l’animation des personnages. Le soin apporté à la capture de mouvements et aux expressions faciales est impressionnant. L’univers brisé qu’on parcourt ressemble à un rêve éveillé – une vision surréaliste de Paris et de la France de la Belle Époque, pleine d’éléments fantastiques… et de pétales de rose. Beaucoup de pétales de rose.
Et que dire de la musique, sinon qu’elle est exceptionnelle ? Si je devais la résumer en un mot : vibrante. Ce n’est pas juste inspiré – c’est entêtant. Entre les mélodies néo-classiques et mélancoliques qui rappellent Nier, et les morceaux de combat à la guitare avec des paroles en français, qui déboulent en pleine baston, la bande-son ne vous lâche jamais. Même manette posée, les morceaux continuent de tourner dans la tête. Pour moi, c’est clairement l’une des meilleures OST de l’année.
Et puisqu’on parle de Nier, impossible de ne pas mentionner un autre point commun : cette sensibilité si particulière. Il y a un vrai parfum de Yoko Taro ici – un récit mélancolique, profondément humain, qui parlera à certains et laissera d’autres de marbre. Ce qui est sûr, c’est que le dernier tiers d’Expedition 33 va faire couler beaucoup d’encre. C’est radical, inattendu, et ça bouscule complètement ce qu’on croyait acquis. Comme je l’ai déjà dit, tout n’est pas parfait dans la montée en puissance – certains silences de personnages semblent forcés, juste pour nous balancer toutes les réponses d’un coup. Si on n’accroche pas, on peut décrocher. Mais si ça prend… alors c’est un vrai coup de poing émotionnel. Et moi, je l’ai pris en pleine face.
Un jeu qui ne laisse personne indifférent – et il ne s’en excuse pas
Soyons clairs : l’histoire d’Expedition 33 mérite vraiment le détour. Malgré tous ses rebondissements délirants, ce sont toujours les personnages qui restent au centre. Parfois, ils n’ont pas assez de temps pour s’exprimer pleinement, tant le scénario garde ses cartes pour la fin – mais ils ne sont jamais oubliés. Et c’est ce lien qui leur permet d’incarner les thèmes majeurs du jeu : la perte, le sacrifice, et même l’évasion par l’art. Ce jeu ne peut pas vous laisser froid. Il est trop humain pour ça. Et même le titre, Clair Obscur, a un sens fort : il ne s’agit pas seulement d’une technique de peinture, mais d’un contraste narratif et moral que vous ne comprendrez vraiment qu’après avoir vu le générique de fin.
Disons-le franchement : si vous êtes fan de JRPG, le système de combat vous séduira d’emblée. Et si cela ne suffisait pas, Expedition 33 se permet de sortir à un prix incroyablement raisonnable – environ 45 à 50 euros, soit la moitié d’un AAA classique. En plus, le jeu respecte votre temps : il se boucle en une trentaine d’heures, mais peut facilement en offrir bien plus aux joueurs curieux qui veulent tout explorer. Sandfall n’a laissé aucune excuse : que vous soyez un vétéran du genre ou simplement intrigué par les systèmes au tour par tour ou les univers fantastiques, ce titre vaut le coup. C’est l’un de ces rares jeux qu’on attend chaque année – une œuvre où l’on sent la patte de ses auteurs dans chaque plan. Le genre de titre qu’on évoque quand on critique le manque d’âme ou d’audace de certaines productions actuelles. Il ne plaira pas à tout le monde – mais c’est exactement ce qui fait sa force.
Ce n’est pas juste un JRPG – c’est une révolution artistique à la française
Quand j’ai entendu parler pour la première fois de Clair Obscur: Expedition 33, je m’attendais à un JRPG bien ficelé. Ce que j’ai eu entre les mains allait bien au-delà : un jeu rempli de personnalité, de sensibilité, et d’une rare sincérité. Le scénario comme le gameplay osent prendre des risques, tout en baignant dans une atmosphère mystérieuse. Sandfall Interactive ne donne pas de réponses faciles – il pose des questions, et vous laisse le soin d’aller les chercher. Le monde qu’il déploie est étrange, mélancolique et solitaire, plus proche d’un gigantesque donjon que d’un univers foisonnant. Mais le système de combat m’a bluffé : une fusion entre la stratégie au tour par tour et l’action directe, avec des quick-time events et des mécaniques de parade/esquive parfaitement intégrées. Chaque personnage dispose de ses propres mécaniques uniques, et les découvrir est un vrai régal. Visuellement, le jeu est splendide, porté par une direction artistique soignée et une bande-son mémorable. Mais ce qui marquera surtout, c’est le récit : profondément humain, mélancolique, truffé de retournements et de personnages inoubliables… et oui, très clivant. Certains passeront à côté – mais ceux qui accrochent vivront une expérience unique. Si vous aimez les JRPG et cherchez quelque chose de vraiment différent, ne passez pas à côté.
-Gergely Herpai “BadSector”-
Pour :
+ Un scénario plein de rebondissements qui donne matière à débattre
+ Un style JRPG original avec un système de combat basé sur la parade
+ Une direction artistique magnifique et une bande-son mémorable
Contre :
– Une ambiance apocalyptique qui ne plaira pas à tout le monde
– Le récit tarde parfois à livrer ses réponses, ce qui peut frustrer
– Peu de contenu secondaire, ce qui nuit à la rejouabilité
Développeur : Sandfall Interactive
Éditeur : Kepler Interactive
Genre : RPG au tour par tour
Date de sortie : 24 avril 2025
Clair Obscur: Expedition 33
Jouabilité - 9.4
Graphismes - 9.4
Histoire - 9.6
Musique/audio - 10
Ambiance - 9.8
9.6
CHEF-D’ŒUVRE
Clair Obscur : Expedition 33 est un JRPG audacieux et singulier, qui mêle avec brio stratégie classique et action nerveuse. Son scénario émouvant, sa direction artistique soignée et sa musique inoubliable en font une expérience à part. Si vous cherchez un titre vraiment original dans le genre, vous venez de le trouver.