The Bondsman – Kevin Bacon chasse les démons sans convaincre sur Prime Video

CRITIQUE SÉRIE – Bien qu’elle ait tout d’une adaptation de comic book, The Bondsman est une création originale signée Blumhouse, désormais disponible sur Prime Video. Kevin Bacon y incarne Hub Halloran, un chasseur de primes blasé, dont la carrière prend une tournure surnaturelle après qu’il est assassiné puis mystérieusement ressuscité. Autrefois spécialisé dans la traque de petits criminels, Hub est désormais recruté par le Diable lui-même pour capturer des démons en fuite sur Terre.

 

Ce nouvel emploi propulse immédiatement Hub dans un univers outrageusement sanglant et peuplé de personnages hauts en couleur. Parmi eux, Lucky (Damon Herriman), son rival insupportable, doté d’un accent bostonien excessivement caricatural, et qui se trouve être le nouveau compagnon de son ex-femme. Hub doit également composer avec sa nouvelle patronne excentrique, Midge (Jolene Purdy), pâtissière à domicile le jour et collectrice d’âmes damnées pour Satan la nuit. Ce mélange savamment grotesque rappelle fortement Preacher, série d’AMC elle-même adaptée du célèbre comics de Garth Ennis des années 90. Même si les créateurs Grainger David et Erik Oleson (Daredevil, Le Maître du Haut Château) proposent une histoire originale, l’influence de l’univers graphique reste clairement perceptible.

 

 

Chasseur de primes ressuscité : un humour noir en quête d’identité

 

Dans un premier temps, The Bondsman se délecte ouvertement de l’absurdité morbide qui accompagne la résurrection et la nouvelle mission de Hub. Après quelques épisodes de mise en place, la série adopte un rythme répétitif, où chaque semaine voit Hub pourchasser une créature différente, allant du prêtre possédé à la cheerleader sataniste. Le programme atteint son meilleur potentiel lorsqu’il s’assume pleinement dans un registre humoristique macabre, comme lorsque Hub, enfermé vivant dans un mur après une attaque des sbires de Lucky, allume nonchalamment une cigarette depuis la plaie encore béante de son cou.

Malheureusement, avec seulement huit épisodes de trente minutes pour sa première saison, The Bondsman accélère trop vite sa narration, empêchant le spectateur de pleinement savourer son univers pourtant prometteur. Hub, fils d’une chasseuse de primes cynique nommée Kitty (Beth Grant), finit par entraîner sa mère – et colocataire – dans ses aventures démoniaques. Kitty accepte la résurrection de son fils avec un détachement comique inattendu, apportant une dynamique réjouissante à leurs escapades infernales. Toutefois, le cercle des initiés s’élargit rapidement, diluant l’intérêt du récit dans des intrigues secondaires moins captivantes, notamment l’histoire nostalgique et maladroite entre Hub et son ex-femme Maryanne (Jennifer Nettles, The Righteous Gemstones). Leur passé musical commun semble artificiellement plaqué, et Maryanne reste prisonnière du rôle ingrat d’objet de regrets sentimentaux du héros.

 

 

Des démons sans saveur noyés sous les effets spéciaux numériques

 

Bien que le titre de la série mette l’accent sur le métier de Hub, The Bondsman tente également de susciter l’intérêt pour la quête personnelle du héros, entre rêves artistiques avortés et rédemption complexe, son âme ayant été cédée au Diable en échange d’une seconde chance. Mais ces aspects dramatiques étouffent progressivement l’humour noir et irrévérencieux qui faisait tout le charme initial. Chaque épisode porte le nom d’un démon, mais rares sont les créatures qui atteignent le statut mémorable des monstres hebdomadaires de Buffy contre les vampires. À la place, les démons apparaissent comme des caricatures floues et numériques sans grande profondeur. Leurs hôtes humains – policiers corrompus, adolescents tyranniques ou parfois enfants innocents – sont tout aussi superficiellement dessinés, et la série élude totalement les dilemmes moraux qu’elle aurait pu explorer.

La mythologie interne de The Bondsman demeure volontairement nébuleuse, ce qui ne poserait pas nécessairement problème si la série conservait son ton léger et mordant jusqu’au bout. (Pourquoi les ordres de Satan arrivent-ils par fax ? Parce que le Diable a ses habitudes, et que visuellement, c’est délicieusement rétro et inquiétant.) Mais les enjeux narratifs augmentent trop brusquement, passant de simples chasses aux démons à une énième mission pour sauver le monde. Kevin Bacon est certes parfaitement à l’aise dans son rôle d’antihéros charmeur et cynique, mais même son charisme ne suffit pas à compenser l’irrégularité du scénario. The Bondsman démarre avec panache, mais avant même la fin de la saison, la vieille camionnette rouillée de Hub tombe malheureusement en panne sèche.

– Gergely Herpai « BadSector » –

 

The Bondsman

Direction - 6.2
Acteurs - 6.4
Histoire - 6.2
Visuels/Musique/Sons - 6.6
Ambiance - 6.1

6.3

CORREKT

Kevin Bacon est charismatique, l’ambiance comique réussit par moments, mais l’idée de départ se vide rapidement de sa substance. La chasse aux démons devient vite une banale quête pour sauver le monde. Ni vraiment effrayante, ni pleinement drôle, The Bondsman demeure une série fantastique tout juste moyenne.

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Anikó, our news editor and communication manager, is more interested in the business side of the gaming industry. She worked at banks, and she has a vast knowledge of business life. Still, she likes puzzle and story-oriented games, like Sherlock Holmes: Crimes & Punishments, which is her favourite title. She also played The Sims 3, but after accidentally killing a whole sim family, swore not to play it again. (For our office address, email and phone number check out our IMPRESSUM)