Non, le Premier ministre japonais n’a pas critiqué Assassin’s Creed Shadows – Voici ce qui s’est vraiment passé

Ce qui est vrai (et surtout faux) dans la dernière controverse autour d’Assassin’s Creed Shadows. Non, le Premier ministre japonais n’a pas attaqué directement le jeu d’Ubisoft. On vous explique toute l’histoire.

 

Internet s’est enflammé une fois de plus autour d’une polémique concernant Assassin’s Creed Shadows. Ces dernières heures, des rumeurs ont circulé affirmant que le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, aurait critiqué publiquement le nouveau blockbuster d’Ubisoft lors d’une séance officielle de la Diète nationale. Mais en consultant la retranscription complète, on découvre que le chef du gouvernement ne parlait pas de Naoe ou de Yasuke, mais d’actes de vandalisme réels commis sur des sites culturels. Jusqu’ici, 3DJuegos n’avait pas traité ce sujet, mais son ampleur en ligne et dans la presse justifie qu’on démêle enfin le vrai du faux.

 

Une vidéo de Yasuke dans un sanctuaire japonais

 

Bien que la controverse fasse rage depuis plusieurs jours, tout a commencé le 31 janvier avec une vidéo publiée sur X (anciennement Twitter). Ce court extrait de gameplay, devenu viral avec plus de 31 000 likes et 8 400 partages, montre Yasuke attaquant des prêtres et détruisant un lieu réel au Japon : le sanctuaire d’Itate Hyozu. La communauté a vite rappelé que ces actions sont exécutées à l’initiative du joueur, mais le tollé s’est tellement propagé qu’il a fini par franchir les frontières jusqu’au Japon.

Le média japonais Sankei News a publié un article contenant les déclarations des responsables du sanctuaire. Dans ces propos exclusifs, les représentants du site ont exprimé leur mécontentement à l’égard d’Ubisoft, précisant qu’ils allaient prendre des « mesures appropriées ». Ils ont également révélé que le studio français n’avait jamais demandé d’autorisation pour utiliser le sanctuaire dans Assassin’s Creed Shadows. « S’ils nous avaient contactés, nous aurions refusé », ont-ils déclaré.

Le scandale a éclaté fin février sur les réseaux sociaux, provoquant des milliers de réactions. À ce jour, aucune précision n’a été apportée sur la nature des « mesures appropriées » envisagées par le sanctuaire. Pourtant, le sujet est devenu suffisamment viral pour attirer l’attention d’un membre du Parti libéral-démocrate japonais, donnant lieu à un débat parlementaire autour du jeu.

 

Assassin’s Creed Shadows débattu à la Diète nationale japonaise

 

Hiroyuki Kada, membre du Parti libéral-démocrate, a évoqué la fameuse vidéo lors d’une session officielle de la Diète. La discussion, publiée sur YouTube et retranscrite par ITmedia, aborde deux sujets principaux : le manque d’autorisation accordée à Ubisoft pour utiliser le sanctuaire, et les possibles répercussions de telles représentations violentes sur les sites culturels réels du Japon.

« Dans le hall de prière du sanctuaire, qui apparaît sous son vrai nom dans le jeu, le protagoniste samouraï détruit des tambours, des miroirs sacrés et des autels, tranche des personnes semblant être des prêtres shintoïstes, tire des flèches et commet d’autres actes de violence brutale », a déclaré Kada. « Quand j’ai interrogé M. Miyaji, il m’a affirmé que le studio [Ubisoft] ne les avait pas contactés pour obtenir une autorisation. » Il a ensuite demandé l’avis du vice-ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, Masaki Ogushi, qui a répondu : « Lorsqu’on utilise une propriété intellectuelle à des fins commerciales, il est nécessaire d’obtenir le consentement du détenteur. »

Le gouvernement japonais pourrait intervenir si les représentants du sanctuaire d’Itate Hyozu le demandent, mais à l’heure actuelle, aucune action concrète n’est envisagée. Kada a clos son intervention en affirmant qu’ils allaient « surveiller la situation de près », exprimant également ses craintes quant à une vague de tourisme incontrôlé provoqué par Assassin’s Creed Shadows. « Nous craignons que des attaques ou des actes de vandalisme, reproduits à partir de scènes du jeu, ne surviennent dans la réalité sur des lieux utilisés sans autorisation. La liberté d’expression doit être respectée, certes, mais pas au détriment des cultures locales. » Il a ensuite sollicité l’avis du Premier ministre.

 

Le malentendu expliqué

 

C’est ici que la confusion est née. Dans sa réponse, le Premier ministre japonais n’a jamais mentionné Ubisoft ni Assassin’s Creed Shadows. Il a déclaré : « La manière de traiter cela juridiquement doit être discutée avec le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, le ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et des Technologies, ainsi que le ministère des Affaires étrangères. »

Il a poursuivi : « Profaner un sanctuaire est impensable ; c’est une insulte à la nation. Lorsque les Forces d’autodéfense ont été envoyées à Samawah, en Irak, nous avons veillé à ce qu’elles étudient les coutumes islamiques au préalable. Le respect de la culture et de la religion d’un pays est fondamental, et nous devons montrer que nous ne tolérerons pas les actes qui bafouent cela. »

Comme le souligne IGN avec l’aide de son antenne japonaise, les propos du Premier ministre visent les actes de vandalisme réels, et non le jeu en lui-même. Le Japon connaît en effet une hausse notable du tourisme occidental, et certains responsables politiques craignent que des comportements vus dans les jeux ne soient imités dans le monde réel. Ce type de réflexion n’est pas nouveau et a déjà été entendu autour de séries comme GTA ou Call of Duty. Kada redoute que les joueurs, après avoir terminé le jeu, se rendent au Japon pour imiter ces actes. Les déclarations du Premier ministre, même si elles semblent floues, s’adressent clairement aux comportements réels, et non au jeu d’Ubisoft. Pourtant, cette confusion a suffi à relancer une polémique qui agite toujours les réseaux sociaux autour de Assassin’s Creed Shadows.

 

Source : 3djuegos

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