« Les priorités ont changé désormais », affirme Sam Rivera, producteur principal d’EA Sports FC 26, pour qui tout tourne désormais autour de l’équilibre : trouver le terrain d’entente entre les attentes de la communauté et la vision des développeurs en matière de simulation de football. Mais assiste‑t‑on réellement au début d’une nouvelle ère pour les jeux de foot, ou n’est‑ce qu’une nouvelle salve de promesses creuses ?

Après nos premières impressions, nous avons enfin pu parler avec les développeurs d’EA Sports FC 26 : la prise en compte des retours de la communauté repose‑t‑elle vraiment sur des bases solides ? Le destin de la série est aujourd’hui entre les mains du producteur Sam Rivera, qui promet, avec ce nouvel opus, un virage complet.

En visitant les bureaux d’EA Vancouver, il était impossible de ne pas remarquer à quel point la communauté a été électrisée par cette bande‑annonce dont le message principal était précisément l’écoute des critiques des fans. Mais après tant d’années — et surtout l’an dernier — d’échecs, peuvent‑ils vraiment tout réécrire à partir de zéro ?

La voix de la communauté est‑elle vraiment déterminante ?

« Cette année, nous voulions vraiment ne corriger que les choses que la communauté juge problématiques. » explique Rivera, visiblement convaincu qu’ils prennent enfin la bonne direction. « Si quelqu’un dit qu’il n’aime pas tel ou tel élément pour une raison, nous le retravaillons immédiatement. C’est comme ça depuis le patch FC 25 de janvier. » Selon le producteur, il n’est plus possible de courir après de simples idées créatives internes si elles n’attirent pas les joueurs : « L’essentiel, c’est toujours l’équilibre : ce que veut la communauté et ce que signifie pour nous la simulation de football. Nous voulons maintenir cette collaboration permanente. »

En l’écoutant, je me dis : cela peut être la rédemption de la série — ou le début d’une malédiction. Chaque joueur a le jeu de ses rêves — certains veulent plus de simulation, d’autres préfèrent une expérience plus rapide, de type arcade. Comment extraire de tout cela ce qui doit entrer dans le prochain patch et ce qui ne fonctionne pas ? Cela peut vite devenir un chaos managérial.

« Il y a un débat constant et sain entre producteurs, designers, animateurs et programmeurs ; presque tout ce que nous faisons nécessite de sérieuses discussions. » poursuit Rivera, qui travaille chez EA depuis 16 ans et sait déjà très bien quelles idées fonctionnent et lesquelles ne sont que des concepts “théoriques”. « Parfois, il y a une idée géniale que tout le monde valide immédiatement, mais c’est rare. En général, chaque proposition doit être disséquée. » Les retours sont agrégés, analysés, puis présentés au Design Council pour validation.

Leur chance, c’est qu’avec les outils actuels, le traitement des retours est plus rapide et plus efficace qu’il y a 20 ans. « C’est un long processus, mais si quelque chose ne se passe pas comme nous le souhaitions, nous le corrigeons rapidement. Pour FC 26, la communauté a demandé des correctifs plus rapides, donc nous avons accéléré les mises à jour, la communication et le traitement des retours. »

Vu de l’extérieur, l’intention est louable, mais un jeu qui ne cesse de grossir, des nouveautés toujours plus nombreuses et la promesse de correctifs rapides restent difficiles à croire. Pour Rivera, la clé est claire : « Les priorités ont changé désormais. » L’industrie et les attentes ont évolué, et ils ont dû s’y conformer. « Après un patch, il faut aussi se concentrer sur le nouveau jeu ; il faut trouver l’équilibre. Avec EA FC 26, si nous comprenons mieux la communauté et si nous sommes plus proches d’elle, nous avons un plan clair de ce qu’il faut faire pendant l’année pour réagir plus vite, changer davantage et disposer de tous les outils nécessaires. Je ne détaillerai pas l’organisation, mais en termes de gameplay — mon domaine — nous investissons beaucoup plus qu’auparavant. »

Rivera est assis en face de moi, pendant que l’équipe veille à ce qu’il ne gâche aucune surprise. S’ils surveillent vraiment les retours en continu et modifient le jeu en cours d’année, les différences entre deux opus annuels vont forcément se réduire, puisque le jeu évolue déjà après sa sortie. « Notre objectif est qu’à la fin du cycle d’EA Sports FC 26, l’expérience soit plus équilibrée et que le jeu continue de recevoir des mises à jour. Cela ne signifie pas qu’il y aura moins de différences avec FC 27 : nous voulons accorder plus d’attention à la version actuelle, et FC 27 aura ses propres surprises. » Rivera sourit de nouveau, mais ne parle pas ouvertement du mode monde ouvert — son sourire laisse toutefois deviner ce à quoi il pense. « Il n’y aura pas moins d’innovations d’une année sur l’autre, juste plus d’attention et d’investissement dans le jeu actuel, qui est aujourd’hui FC 26. »

« Notre objectif est qu’à la fin d’EA Sports FC 26, l’expérience soit plus équilibrée et que le jeu continue de recevoir des mises à jour. »

Pendant des années, il était obligatoire d’afficher chaque année un bond graphique “révolutionnaire”. Aujourd’hui, ce sont plutôt des ajouts plus modestes qui arrivent. Ils ne seront peut‑être pas aussi spectaculaires qu’Ultimate Team, mais derrière l’extension continue de Clubs, Carrière et des autres modes se cache un travail de développement sérieux. « Nous voulons que le nouveau jeu soit réellement différent et plus authentique. Notre tâche devient plus difficile, car le jeu ressemble déjà beaucoup au football et s’y joue comme tel, mais nous avons une équipe avancée qui travaille avec l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique — ces technologies soutiennent des piliers comme le temps de réaction, la qualité visuelle, la profondeur et la variété. Cet investissement est pérenne, nous pouvons sortir de nouvelles fonctionnalités chaque année. »

Il est difficile d’imaginer où l’IA peut encore aider au‑delà du traitement de données et des statistiques, mais Rivera parle avec enthousiasme de tout ce qu’on peut désormais atteindre plus vite qu’avant. « Le défi, c’est d’équilibrer cette innovation avec ce que la communauté veut aujourd’hui : peut‑être qu’elle souhaite qu’on se concentre sur les frappes trivela. L’objectif est d’équilibrer l’innovation et les besoins de la communauté. C’est l’idée de base de FC 26, et nous continuons d’investir dans la technologie. Par exemple, les gardiens basés sur le machine learning reflètent ce processus. » Reste à savoir si toutes ces promesses seront tenues d’ici la sortie d’EA Sports FC 26 en septembre, ou si la communauté restera tout aussi insatisfaite. Une chose est sûre : l’objectif est désormais que leurs plaintes améliorent réellement le jeu.

Source : 3djuegos 3djuegos