TEST – Trois ans après sa sortie initiale sur PC, One Step After Fall débarque enfin sur PlayStation 5 (ce qui prête franchement à sourire, puisque la version Xbox Series n’a eu besoin que d’une seule année). Comme il s’agit d’un walking simulator, la couleur est annoncée d’emblée : il n’y a quasiment rien de palpitant à raconter sur le jeu de The Bergson’s Games Studio et Qubyte Interactive.
Le protagoniste perd des personnes importantes dans sa vie, sombre dans la dépression et commence à tout remettre en question – on dirait presque que l’auteur dépeint sa propre situation, mais admettons que ce n’est qu’un hasard.
Steve Robinson et ses succès
Notre héros, Steve, est censé être un homme accompli, mais une avalanche d’événements le prive de ses proches. Il en vient alors à douter de ses choix et de sa place dans le monde. La dépression et la santé mentale sont des thèmes omniprésents dans OSAF, mais c’est le genre de jeu où on peut décrocher le trophée platine en quinze minutes à peine. Ce n’est pas une blague : il suffit de chercher sur YouTube pour tomber sur une soluce de 12 minutes 40, et le longplay complet dure 12 minutes ! Sérieusement, c’est une blague ? Non, mais je dois remplir ici des milliers de caractères à ce sujet (ce qui est déjà un mauvais gag). Le simulateur se joue à la première personne, en contrôlant Steve. Passons donc rapidement sur les commandes PlayStation 5 obligatoires (et cela fait déjà trois mois que le jeu est sorti sur la console !) : stick droit pour regarder autour de soi, stick gauche pour avancer.
Il est possible de courir avec L1, de s’accroupir avec rond, de sauter avec croix et d’examiner des objets avec carré. La flèche du haut sur le D-Pad ouvre l’inventaire ; on utilise les objets avec L2 puis R2. Il y a même un épouvantail dans OSAF — c’est dire si c’est l’un des points positifs (dans une expérience de quinze minutes, il ne reste plus grand-chose à évoquer !). Le gameplay avance simplement en ramassant les lettres dans l’ordre. Le jeu est d’une linéarité exemplaire, ce qui signifie qu’il n’a strictement aucune rejouabilité (c’est le prototype du « jeu pause déjeuner »). Si jamais on sort de la séquence prévue, on risque de tourner en rond, perdu.
On se demande donc, même avec une telle brièveté, si ces cinq euros n’auraient pas mieux été investis dans un sandwich ! Oui, c’est le prix sur le PlayStation Network, et franchement, ce ne serait pas étonnant de voir Sony l’ajouter un jour au PlayStation Plus Essential, vu la tendance à la baisse de la qualité sur ces services d’abonnement (même sur PlayStation Plus Premium, les abonnés voient leur catalogue se réduire comme peau de chagrin). Voilà, on touche au bas de la première page, et déjà on est à la moitié – la suite, c’est quoi ?
Se relever après une chute, ce n’est pas toujours possible
Steve est submergé par des souvenirs d’enfance – des maisons, des forêts, et d’autres lieux chargés d’émotion. Les monologues intérieurs sont omniprésents, et le regret, le deuil et la rédemption font partie intégrante du récit. Le style d’écriture est assez immersif, mais reste brut. Parfois, il mâche trop les moments importants, et dans un jeu comme celui-ci – un simulateur de marche – on aurait aimé plus d’espace pour interpréter à sa façon. Cela nuit à l’ambiance, et fait chuter la rejouabilité : le joueur n’aura jamais l’impression d’être impliqué dans l’histoire ou ses événements. Aucun puzzle, aucun ennemi, aucun choix. Résultat : monotonie totale. Visuellement, c’est quelconque (au mieux), même si les couleurs atténuées reflètent assez bien l’état mental de Steve. Le doublage est inégal, la bande-son très discrète. Les développeurs visaient une authenticité émotionnelle, mais le résultat n’est pas convaincant.
Le vrai problème, c’est que si le sujet est intéressant, la réalisation reste au mieux très moyenne. C’est pour ça que OSAF divise : il a de bonnes idées, mais en une heure on aura tout vu, et on n’y reviendra jamais. Les moments sombres de la vie sont marquants pour chacun : un décès peut enfermer quelqu’un dans une personnalité fermée mais résiliente, ailleurs cela forge un caractère plus ouvert mais réservé.
Un faux pas, une grande enjambée
One Step After Fall ne mérite clairement pas plus qu’un 5,5/10. Certes, il n’est pas cher, mais tout boucler en une heure, c’est trop peu. Le jeu est correct, mais superficiel, inabouti et ne retient l’attention que par son sujet.
-V-
Atouts :
+ Un thème central intéressant
+ Le prix
+ L’épouvantail
Faiblesses :
– Incroyablement court
– Narration et mise en scène décousues
– Linéaire, une seule partie suffit…
Développeur : The Bergson’s Games Studio
Éditeur : Qubyte Interactive
Genre : walking simulator
Date de sortie : 15 mars 2022 (PC), 5 janvier 2023 (Xbox Series), 3 avril 2025 (PlayStation 5)
One Step After Fall
Jouabilité - 5.1
Graphismes - 5.2
Histoire - 6.8
Musique/audio - 6.2
Ambiance - 4.8
5.6
MÉDIOCRE
Ce jeu est aussi marquant qu’un sandwich avalé pendant la pause déjeuner : une expérience éphémère, vite oubliée. Le concept intrigue, mais la réalisation ne parvient pas à capter l’attention. Cela vaut le coup d’œil une fois, mais personne n’aura envie d’y rejouer une seconde fois.