Andor Saison 2 – Les héros ordinaires déclenchent une révolution dans le récit le plus sombre de Star Wars

CRITIQUE DE SÉRIE – La deuxième saison d’Andor entraîne l’univers de Star Wars sur des terrains bien plus sombres, réalistes et sanglants, braquant les projecteurs sur la lutte quotidienne des héros ordinaires et sur l’implacable machinerie de l’oppression. Pas de mystique Jedi, pas d’épopée mythique – juste des hommes et des femmes en chair et en os qui se battent pour leur survie et pour la rébellion. Tiré du fil oublié de Rogue One: A Star Wars Story, le récit se transforme en un thriller politique puissant, qui s’impose comme la meilleure tentative télévisuelle de la franchise. La série de Tony Gilroy prouve définitivement que Star Wars est à son apogée quand les révolutions naissent dans les recoins les plus sombres de la galaxie.

 

En 2016, Rogue One: A Star Wars Story avait séduit la critique et triomphé au box-office, mais il n’a laissé qu’une trace fugace dans la culture populaire. Bien qu’il découle du fameux prologue d’Un Nouvel Espoir, il a toujours semblé n’être qu’une simple note en bas de page. Son sous-titre trahissait l’intention de Disney de lancer une série de films indépendants – un plan qui a vite capoté avec l’échec de Solo: A Star Wars Story, reléguant Rogue One aux oubliettes, comme s’il n’avait jamais existé.

 

 

Quand une histoire a priori mineure devient un grand drame

 

L’un des plus grands atouts d’Andor est de magnifier cette note de bas de page de Rogue One pour en faire un final grandiose et monumental. Nous assistons au préquel d’un préquel, centré sur un héros qui – alerte spoiler – meurt en dérobant les plans de l’Étoile de la Mort, donnant l’impression au départ d’un récit encore plus anecdotique. Mais c’est justement cette marginalité qui devient la force motrice de la série : l’absence de grands enjeux narratifs et la fin connue donnent à Tony Gilroy une liberté totale pour imposer sa vision. Les héros du quotidien – qu’ils soient rebelles ou rouages de la machine impériale – occupent le devant de la scène. Si la première saison s’imposait déjà comme le contenu Star Wars le plus passionnant de l’ère Disney, la seconde érige un nouveau standard de ce que devrait être Star Wars aujourd’hui.

 

 

Une histoire étrangement longue, mais parfaitement bouclée

 

La structure en deux saisons peut sembler déroutante : trop longue pour une mini-série, trop courte pour une série télévisée classique. Mais Andor surprend encore : la première saison, diffusée à l’automne 2022, transformait Cassian, incarné par Diego Luna, de simple survivant en révolutionnaire convaincu, tandis que la seconde saison s’étend sur cinq ans, jusqu’aux instants qui précèdent Rogue One.
Les 12 épisodes sont divisés en quatre blocs distincts, chacun situé un an plus tard – la diffusion hebdomadaire par blocs de trois épisodes ne répond pas seulement aux critères des Emmy Awards, elle épouse aussi parfaitement le rythme de l’histoire. Seul le dernier bloc souffre un peu d’un trop-plein d’exposition, préférant préparer l’arrivée des personnages et l’univers de Rogue One plutôt que de construire un sommet narratif autonome. Mais cela renforce encore l’idée que le film est désormais une extension d’Andor, et non l’inverse. Gilroy – qui avait déjà supervisé les reshoots de Rogue One – bâtit la série à rebours à partir de la fin, où chaque héros finit par se sacrifier pour la cause. La deuxième saison accentue ainsi la tension entre le destin et le libre arbitre, tout en préservant le réalisme brut et la mécanique implacable de la révolution ordinaire qui ont fait la force de la première saison.

 

 

 

Ghorman : d’avant-poste poussiéreux à foyer de révolte

 

Mais tout ne reste pas silencieux. Le lieu clé de la deuxième saison est la planète Ghorman – un monde poussiéreux tourné vers le textile, que l’Empire convoite pour ses minéraux cachés, essentiels à son super-arsenal. (L’épilogue de la première saison révélait déjà que Cassian, esclave, fabriquait les panneaux de l’Étoile de la Mort – cette chaîne de montage inhumaine et interminable est l’image même de la dictature.) L’officière impériale Dedra Meero entend provoquer une “rébellion radicale fiable” pour justifier une répression sanglante. Son plan fait de Ghorman le centre des attentions, aussi bien pour Meero que pour le mystérieux leader rebelle, Luthen Rael (Stellan Skarsgård). Dans une galaxie sans Jedi et sans la morale manichéenne de la Force, Andor ne simplifie jamais : de vifs débats agitent les rangs rebelles, entre la manifestation pacifique et la résistance armée, tandis que les guérillas dispersées se muent peu à peu en véritable armée de rébellion. Ici, pas de leçon d’histoire figée – seulement des drames viscéraux, des personnages de chair et de sang. Cassian et Bix (Adria Arjona), brisée par la torture, en sont deux exemples poignants.
Lorsque l’étincelle de Ghorman finit par jaillir, c’est un embrasement spectaculaire. Les costumes de Michael Wilkinson, le soin apporté aux métiers traditionnels et la langue inventée pour la série donnent à Ghorman un souffle de révolution à la française, de la Résistance de la Seconde Guerre mondiale à la tragique grandeur des Miserables. Si Tony Gilroy et ses collaborateurs (Beau Willimon, Dan Gilroy, Tom Bissell, et les réalisateurs des blocs Ariel Kleiman, Janus Metz et Alonso Ruizpalacios) n’étaient pas aussi habités par l’Histoire, on les accuserait facilement de surinterprétation politique. Mais la deuxième saison d’Andor a été écrite il y a des années – elle ne reflète pas l’actualité, elle révèle la nature intemporelle du pouvoir.

 

 

Et après, Star Wars ?

 

Malgré tout, Andor reste une œuvre complète et autosuffisante – mais elle pose aussi la question de l’avenir de Star Wars, alors que Kathleen Kennedy, la patronne de Lucasfilm, semble proche du départ. Gilroy et son équipe indiquent clairement la voie à suivre : toutes les histoires de Star Wars n’ont pas à devenir des drames politiques adultes, mais la franchise gagnerait à miser sur des récits plus concentrés, centrés sur les personnages et portés par une vision d’auteur. La série The Acolyte de Leslye Headland s’en était approchée – imparfaite, mais loin de mériter un arrêt brutal. Peut-être que Star Wars saura tirer les leçons de son passé, comme l’a fait Andor. Cela en valait-il la peine ?

-Gergely Herpai “BadSector”-

 

 

Andor Saison 2

Direction - 9.2
Acteurs - 8.8
Histoire - 9.4
Visuels/Musique/Sons - 9.4
Ambiance - 9.4

9.2

EXCELLENT

La deuxième saison d’Andor est un chapitre audacieux, intransigeant et coup-de-poing dans l’univers de Star Wars. Le parcours de Cassian, les drames quotidiens de la rébellion et la réalité des révolutions insufflent à la franchise une force brute comme on n’en avait plus vu depuis longtemps. Si Lucasfilm retient la leçon, il y aura sans doute encore bien des merveilles à découvrir dans cette galaxie lointaine, très lointaine.

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Anikó, our news editor and communication manager, is more interested in the business side of the gaming industry. She worked at banks, and she has a vast knowledge of business life. Still, she likes puzzle and story-oriented games, like Sherlock Holmes: Crimes & Punishments, which is her favourite title. She also played The Sims 3, but after accidentally killing a whole sim family, swore not to play it again. (For our office address, email and phone number check out our IMPRESSUM)