CRITIQUE DE FILM – Près de trente ans après avoir lancé la saga Mission: Impossible, Tom Cruise se surpasse dans Mission: Impossible – The Final Reckoning. Et franchement, on n’en attendait pas moins du dernier véritable titan du grand écran, prêt à tout pour maintenir la magie du cinéma en vie. Même si ce film est marqué du sceau Cruise à tous les niveaux, il s’agit aussi d’un hommage sincère à ceux qui ont toujours répondu présent : les fans. Pensé par des amoureux du cinéma pour des amoureux du cinéma, The Final Reckoning est un pur moment de spectacle – même lorsque certaines blagues tombent un peu à plat.
Les attentes qui entourent The Final Reckoning sont colossales, et même un duo aussi aguerri que Cruise et le réalisateur Christopher McQuarrie n’échappe pas à la pression. Chaque opus de Mission: Impossible est un grand huit émotionnel, mais celui-ci déborde littéralement de clins d’œil nostalgiques et de tensions dramatiques. Ce n’est pas juste un nouveau chapitre : c’est une tournée d’adieu assumée, peut-être le projet le plus ambitieux de Cruise à ce jour. Et même si l’ouverture se perd un peu dans les détours globetrotteurs, une fois que l’intrigue démarre vraiment, rien ne l’arrête.
C’est devenu une constante : Ethan Hunt finit toujours par opérer en solo. Mais The Final Reckoning va plus loin en explorant les conséquences émotionnelles de ses choix. Son refus obstiné de sacrifier les quelques-uns pour sauver les masses est le moteur moral du film, et donne une profondeur supplémentaire aux scènes d’action spectaculaires. On ne va pas voir un Mission: Impossible pour recevoir une leçon de morale, mais celui-ci parvient à faire passer un message simple et percutant : et si, contre toute attente, les gentils pouvaient encore l’emporter ?
Un fan service qui ne sacrifie pas le rythme
Bourré de références aux premiers volets, The Final Reckoning n’essaie même pas de cacher son statut de lettre d’amour à la saga. Ethan est confronté à des fantômes de son passé – qu’ils soient humains ou symboliques – et, même dans l’adversité, il reste fidèle à son éthique de héros. On l’a vu sauter de falaises et s’agripper à des trains lancés à pleine vitesse : le vrai défi, ici, c’était de nous montrer quelque chose de nouveau.
Heureusement, Cruise et McQuarrie évitent brillamment la redite en revisitant certaines cascades emblématiques, tout en les poussant un cran plus loin. C’est une manière maligne de renouveler l’action tout en flattant la mémoire collective des fans. Et si Cruise crève l’écran, il n’est pas seul à briller. Hayley Atwell apporte fraîcheur et imprévisibilité en incarnant Grace, tandis que Simon Pegg et Ving Rhames assurent avec leur alchimie habituelle. Même les petits nouveaux comme Tramell Tillman et Hannah Waddingham trouvent leur place, nous rappelant pourquoi et pour qui Ethan se bat encore.
Succéder à Dead Reckoning – Part One – considéré par beaucoup comme le meilleur volet depuis Protocole Fantôme – relevait de la mission impossible. Et il est vrai que The Final Reckoning peine parfois à maintenir la même intensité. Là où le précédent épisode baignait dans le mystère et les non-dits, celui-ci doit assumer la charge émotionnelle et boucler la boucle. De plus, la grande menace du récit – l’intelligence artificielle nommée Entity – se fait étonnamment discrète. Présente à chaque recoin dans le film précédent, elle devient ici une menace plus conceptuelle que palpable.
Le monde a-t-il encore besoin d’Ethan Hunt ?
La plus grande séquence d’action – un affrontement sous-marin autour d’un sous-marin russe englouti, teasé dès Dead Reckoning – Part One – tient toutes ses promesses. C’est tendu, maîtrisé et incroyablement bien rythmé : une démonstration éclatante de ce que le blockbuster américain peut encore offrir quand il ose. On savait que Cruise voulait finir en beauté, et ce climax fait largement le job. Ce genre de cinéma mérite qu’on lui pardonne ses imperfections narratives : aujourd’hui, rares sont ceux qui osent encore aller aussi loin.
Cela dit, la volonté constante de tirer sur la corde sensible et de rappeler qu’il pourrait bien s’agir de la dernière mission d’Ethan finit par alourdir le propos. Cruise et McQuarrie évitent soigneusement toute déclaration définitive, mais l’ambiance de chant du cygne est omniprésente. Le film boucle plusieurs arcs narratifs, tout en laissant une porte entrouverte. Et franchement, qui sommes-nous pour dire que le monde n’a plus besoin d’un Ethan Hunt ?
Pas le meilleur épisode, mais le plus humain
The Final Reckoning réussit à être drôle sans sombrer dans la parodie. Il ne se moque jamais de lui-même, mais adopte un ton complice qui tombe toujours juste. Cruise reste totalement investi, jamais dans la dérision. Et dès que l’action repart, tout s’emballe : la musique, le montage, les effets – on est totalement immergé. Si le cinéma est censé nous faire oublier la réalité, cette mission est pleinement remplie.
Ce qui est fascinant dans la saga Mission: Impossible, c’est sa capacité à évoluer avec les angoisses de son époque – de la paranoïa de la Guerre froide à la dystopie numérique. The Final Reckoning est à la fois palpitant et étrangement réconfortant. Pendant près de trois heures, on a envie de croire qu’un Ethan Hunt existe quelque part, prêt à faire le bon choix, quoi qu’il en coûte. Ce mélange d’idéalisme, d’audace formelle et d’acteurs investis, c’est exactement ce qui manque à tant de franchises contemporaines.
Tom Cruise tire sa révérence en maître du genre
Quand les classements inévitables de la saga tomberont, il sera difficile de situer précisément The Final Reckoning. Ce qui est certain, c’est qu’il incarne la fin d’une époque et l’aboutissement de décennies de cinéma à l’ancienne. Que vous suiviez la série depuis le début ou que vous soyez simplement curieux, cette mission mérite qu’on s’y embarque. Pas besoin d’être fan hardcore pour apprécier The Final Reckoning, mais si vous l’êtes, ce film est fait pour vous.
– Gergely Herpai “BadSector” –
Mission: Impossible – The Final Reckoning
Direction - 8.2
Acteurs - 8.1
Histoire - 7.6
Visuels/Musique/Sons/Action - 9.2
Ambiance - 8.2
8.3
EXCELLENT
The Final Reckoning might not be the best Mission: Impossible, but it’s definitely the most heartfelt. Cruise bows out with bombast and soul. If this really is the end, it’s one hell of a curtain call.