CRITIQUE DE FILM – Une comédie musicale et une « romcom » inspirée par des chansons pop françaises classiques, mêlant les dilemmes modernes à une nostalgie vieille de 30 ans. Les deux lignes temporelles du film se croisent autour de la découverte d’un journal intime et de lettres d’amour révélant une romance déchirante de l’été 1994. Grâce à une série de numéros musicaux, le passé se dévoile parallèlement au présent — comme on pourrait s’y attendre dans n’importe quelle comédie musicale.
Avec un budget de 2 millions d’euros financés par des fonds publics, le film presente notre protagoniste, Lili, incarne l’archétype de l’héroïne urbaine moderne : solitaire mais déterminée à se convaincre que sa solitude est un choix de vie émancipateur. Un jour, en rangeant l’appartement de ses parents, elle tombe sur un lot de vieilles lettres que sa mère avait visiblement cachées pour de bonnes raisons. Mais qui pourrait résister à une telle tentation ? Certainement pas Lili, qui, avec ses frères et sœurs et sa meilleure amie, se plonge dans le passé — et avec lui, une bonne dose de nostalgie.
L’été indien
Avant même de s’en rendre compte, nous sommes transportés au début des années 90, lors d’un été au bord du lac Balaton, où trois amies cherchent à tirer le meilleur parti de leurs vacances. Parmi elles, Eszter (Franciska Törőcsik) se distingue par sa détermination à rester fidèle à son petit ami sans saveur resté à la maison. Cette noble résolution est vite mise à l’épreuve avec l’arrivée de Gergő (Márk Ember), un charmant musicien qui se produit chaque soir avec son groupe dans un bar de plage local. Parce que, bien sûr, qu’est-ce qu’une romance estivale sans un groupe de musique au bord de l’eau ?
Ce qui suit est un tourbillon de confusion, une pincée de romance, quelques baisers, et une ou deux gifles — les ingrédients habituels d’une comédie romantique qui sort en décembre mais réclame l’été. Et comment tout cela affecte-t-il la génération suivante ? Bien sûr, de manière monumentale, parce que si un été au Balaton et un train de l’amour sont impliqués, il doit y avoir des répercussions intergénérationnelles.
L’éternel premier amour
Comment vivre sans toi ? déroule sans complexe tous les clichés de la comédie romantique, alternant entre des moments véritablement drôles et des scènes qui s’efforcent maladroitement de l’être. Prenez par exemple la rencontre entre Eszter et Gergő, montrée dans la bande-annonce : un ballon perdu frappe Eszter en plein visage alors qu’elle discute avec ses amies, provoquant une hémorragie nasale. Gergő, l’assaillant involontaire, entre en scène pour s’excuser, et voilà que l’histoire d’amour démarre.
Comme on pouvait s’y attendre, deux des trois couples se forment instantanément (malgré une chimie quasi inexistante entre les personnages secondaires), tandis qu’Eszter et Gergő explorent une dynamique à la fois compliquée et prévisible. Eszter, encore sous le choc de son incident, se montre réticente. Mais après une invitation à une soirée par Gergő et ses amis, ses copines acceptent avec enthousiasme, la laissant sans autre choix que de les suivre. Au cours de la soirée, on découvre que le groupe de Gergő, Kuplung, excelle dans les reprises de tubes français classiques. Une intrigue secondaire absurde oblige Eszter à montrer ses talents de pianiste et de chanteuse après que le claviériste du groupe se blesse de manière fortuite. Cette scène, bien que présentée comme humoristique, ressemble davantage à un artifice de scénario maladroit qu’à un moment authentique.
Les rebondissements de l’intrigue sont terriblement prévisibles, notamment parce que l’on sait dès le départ que le mari d’Eszter s’appelle Márton. Ce détail, qui pourrait ajouter du drame à une histoire bien écrite, se révèle ici être un simple spoiler dénué de toute subtilité.
Les mots bleus
Une des ironies involontairement comiques (et pas toujours dans le sens souhaité par les réalisateurs) réside dans l’intégration des chansons françaises. Prenez par exemple « Voyage, voyage », chanté par le groupe lors d’une scène où ils attendent Eszter dans un train. Quand elle ne se montre pas et que le train quitte la gare, ils entonnent ce tube pour exprimer leur déchirement. Enfin, on comprend pourquoi le voyage était si émotionnellement marquant. Bravo ?
Puis vient « Il faut savoir » de Charles Aznavour, chanté lorsque l’un des personnages annonce dramatiquement que le groupe part à l’étranger, mettant fin à une romance naissante. Cela lance une scène musicale grotesque où l’élu(e) laisse physiquement partir l’autre, qui finit par tomber dans un lac. Vous avez saisi ? Il ou elle « l’a laissé(e) partir ». Hilarant.
Les scènes musicales souffrent souvent d’une insertion forcée, où les paroles des chansons expliquent maladroitement l’intrigue. Ce choix, qui aurait pu enrichir le récit, réduit ces morceaux à des artifices simplistes, ôtant toute poésie ou mystère. Même pour un spectateur peu friand de comédies musicales, cette approche semble mal conçue.
Angélique
Malgré un scénario simple et souvent didactique, la réalisation et les performances sont globalement solides. Le rythme est bien géré, le montage précis, et la cinématographie soignée. Les acteurs s’acquittent de leurs rôles avec professionnalisme, Franciska Törőcsik en tête. Elle insuffle une profondeur inattendue à son personnage cliché, rendant Eszter à la fois captivante et émouvante. Törőcsik brille au point de donner envie de la voir dans des projets plus ambitieux. Les autres acteurs livrent des performances correctes, bien que Marcell Kirády soit parfois agaçant dans son rôle de jeune homme maladroit — un défaut surtout imputable au scénario.
Il jouait du piano debout
Comment vivre sans toi ? tente de capitaliser sur la nostalgie mais finit par s’égarer dans une narration lourde et des séquences musicales trop appuyées. Malgré une cinématographie raffinée et une performance remarquable de Franciska Törőcsik, le film peine à transcender ses clichés. L’effort pour mélanger éléments musicaux modernes et romance à l’ancienne résulte en une production hésitant entre deux identités. Le résultat est une expérience mitigée, susceptible d’arracher quelques sourires mais peu de souvenirs durables.
-Herpai Gergely « BadSector »-
Comment vivre sans toi ?
Direction - 7.2
Acteurs - 7.1
Histoire - 2.1
Visuels/Musique/Sons - 6.4
Ambiance - 4.2
5.4
MOYEN
Comment vivre sans toi ? cherche à évoquer des souvenirs d’été nostalgiques tout en proposant un drame romantique, mais ses choix narratifs didactiques et ses séquences musicales trop directes ternissent souvent son charme. Bien que la performance de Franciska Törőcsik soit un point fort rafraîchissant, les éléments musicaux trop prévisibles et l’intrigue attendue laissent peu de place à une émotion sincère. Ce film plaira surtout aux nostalgiques des chansons classiques françaises, mais il ne faut pas en attendre une grande innovation.
BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)
CRITIQUE DE FILM – Une comédie musicale et une « romcom » inspirée par des chansons pop françaises classiques, mêlant les dilemmes modernes à une nostalgie vieille de 30 ans. Les deux lignes temporelles du film se croisent autour de la découverte d’un journal intime et de lettres d’amour révélant une romance déchirante de l’été 1994. Grâce à une série de numéros musicaux, le passé se dévoile parallèlement au présent — comme on pourrait s’y attendre dans n’importe quelle comédie musicale.
Avec un budget de 2 millions d’euros financés par des fonds publics, le film presente notre protagoniste, Lili, incarne l’archétype de l’héroïne urbaine moderne : solitaire mais déterminée à se convaincre que sa solitude est un choix de vie émancipateur. Un jour, en rangeant l’appartement de ses parents, elle tombe sur un lot de vieilles lettres que sa mère avait visiblement cachées pour de bonnes raisons. Mais qui pourrait résister à une telle tentation ? Certainement pas Lili, qui, avec ses frères et sœurs et sa meilleure amie, se plonge dans le passé — et avec lui, une bonne dose de nostalgie.
L’été indien
Avant même de s’en rendre compte, nous sommes transportés au début des années 90, lors d’un été au bord du lac Balaton, où trois amies cherchent à tirer le meilleur parti de leurs vacances. Parmi elles, Eszter (Franciska Törőcsik) se distingue par sa détermination à rester fidèle à son petit ami sans saveur resté à la maison. Cette noble résolution est vite mise à l’épreuve avec l’arrivée de Gergő (Márk Ember), un charmant musicien qui se produit chaque soir avec son groupe dans un bar de plage local. Parce que, bien sûr, qu’est-ce qu’une romance estivale sans un groupe de musique au bord de l’eau ?
Ce qui suit est un tourbillon de confusion, une pincée de romance, quelques baisers, et une ou deux gifles — les ingrédients habituels d’une comédie romantique qui sort en décembre mais réclame l’été. Et comment tout cela affecte-t-il la génération suivante ? Bien sûr, de manière monumentale, parce que si un été au Balaton et un train de l’amour sont impliqués, il doit y avoir des répercussions intergénérationnelles.
L’éternel premier amour
Comment vivre sans toi ? déroule sans complexe tous les clichés de la comédie romantique, alternant entre des moments véritablement drôles et des scènes qui s’efforcent maladroitement de l’être. Prenez par exemple la rencontre entre Eszter et Gergő, montrée dans la bande-annonce : un ballon perdu frappe Eszter en plein visage alors qu’elle discute avec ses amies, provoquant une hémorragie nasale. Gergő, l’assaillant involontaire, entre en scène pour s’excuser, et voilà que l’histoire d’amour démarre.
Comme on pouvait s’y attendre, deux des trois couples se forment instantanément (malgré une chimie quasi inexistante entre les personnages secondaires), tandis qu’Eszter et Gergő explorent une dynamique à la fois compliquée et prévisible. Eszter, encore sous le choc de son incident, se montre réticente. Mais après une invitation à une soirée par Gergő et ses amis, ses copines acceptent avec enthousiasme, la laissant sans autre choix que de les suivre. Au cours de la soirée, on découvre que le groupe de Gergő, Kuplung, excelle dans les reprises de tubes français classiques. Une intrigue secondaire absurde oblige Eszter à montrer ses talents de pianiste et de chanteuse après que le claviériste du groupe se blesse de manière fortuite. Cette scène, bien que présentée comme humoristique, ressemble davantage à un artifice de scénario maladroit qu’à un moment authentique.
Les rebondissements de l’intrigue sont terriblement prévisibles, notamment parce que l’on sait dès le départ que le mari d’Eszter s’appelle Márton. Ce détail, qui pourrait ajouter du drame à une histoire bien écrite, se révèle ici être un simple spoiler dénué de toute subtilité.
Les mots bleus
Une des ironies involontairement comiques (et pas toujours dans le sens souhaité par les réalisateurs) réside dans l’intégration des chansons françaises. Prenez par exemple « Voyage, voyage », chanté par le groupe lors d’une scène où ils attendent Eszter dans un train. Quand elle ne se montre pas et que le train quitte la gare, ils entonnent ce tube pour exprimer leur déchirement. Enfin, on comprend pourquoi le voyage était si émotionnellement marquant. Bravo ?
Puis vient « Il faut savoir » de Charles Aznavour, chanté lorsque l’un des personnages annonce dramatiquement que le groupe part à l’étranger, mettant fin à une romance naissante. Cela lance une scène musicale grotesque où l’élu(e) laisse physiquement partir l’autre, qui finit par tomber dans un lac. Vous avez saisi ? Il ou elle « l’a laissé(e) partir ». Hilarant.
Les scènes musicales souffrent souvent d’une insertion forcée, où les paroles des chansons expliquent maladroitement l’intrigue. Ce choix, qui aurait pu enrichir le récit, réduit ces morceaux à des artifices simplistes, ôtant toute poésie ou mystère. Même pour un spectateur peu friand de comédies musicales, cette approche semble mal conçue.
Angélique
Malgré un scénario simple et souvent didactique, la réalisation et les performances sont globalement solides. Le rythme est bien géré, le montage précis, et la cinématographie soignée. Les acteurs s’acquittent de leurs rôles avec professionnalisme, Franciska Törőcsik en tête. Elle insuffle une profondeur inattendue à son personnage cliché, rendant Eszter à la fois captivante et émouvante. Törőcsik brille au point de donner envie de la voir dans des projets plus ambitieux. Les autres acteurs livrent des performances correctes, bien que Marcell Kirády soit parfois agaçant dans son rôle de jeune homme maladroit — un défaut surtout imputable au scénario.
Il jouait du piano debout
Comment vivre sans toi ? tente de capitaliser sur la nostalgie mais finit par s’égarer dans une narration lourde et des séquences musicales trop appuyées. Malgré une cinématographie raffinée et une performance remarquable de Franciska Törőcsik, le film peine à transcender ses clichés. L’effort pour mélanger éléments musicaux modernes et romance à l’ancienne résulte en une production hésitant entre deux identités. Le résultat est une expérience mitigée, susceptible d’arracher quelques sourires mais peu de souvenirs durables.
-Herpai Gergely « BadSector »-
Comment vivre sans toi ?
Direction - 7.2
Acteurs - 7.1
Histoire - 2.1
Visuels/Musique/Sons - 6.4
Ambiance - 4.2
5.4
MOYEN
Comment vivre sans toi ? cherche à évoquer des souvenirs d’été nostalgiques tout en proposant un drame romantique, mais ses choix narratifs didactiques et ses séquences musicales trop directes ternissent souvent son charme. Bien que la performance de Franciska Törőcsik soit un point fort rafraîchissant, les éléments musicaux trop prévisibles et l’intrigue attendue laissent peu de place à une émotion sincère. Ce film plaira surtout aux nostalgiques des chansons classiques françaises, mais il ne faut pas en attendre une grande innovation.