CRITIQUE DE FILM – Ce soir, nous tuons s’annonçait comme une comédie policière prometteuse, mais a fini par devenir un nouvel exemple de la façon de ruiner une excellente idée de départ lorsque l’humour, le suspense et la nostalgie ne trouvent pas leur juste équilibre. L’histoire suit le meurtre d’un résident d’une maison de retraite pour acteurs, et c’est au personnage d’András Kern de résoudre le mystère. Malgré un casting prestigieux, le film est truffé de blagues creuses et d’une intrigue décousue, donnant rarement l’impression d’un véritable whodunit. Au lieu de livrer les éléments classiques d’une comédie policière, il laisse derrière lui une comédie nostalgique fade, qui tombe à plat.
Un meurtre secoue les résidents de la maison de retraite pour acteurs, et bien qu’András Kern soit censé incarner le détective qui découvrira le coupable, le film finit par soulever plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Une seule question reste attachée à l’intrigue : qui est le meurtrier ? Toutes les autres questions résonnent comme un écho de l’humour hongrois perdu : pourquoi les blagues sont-elles si plates, et où est passée la grandeur d’antan des acteurs hongrois ? Les légendes du cinéma – Kern, Róbert Koltai, Judit Pogány, et d’autres – essaient de retrouver leur gloire passée, mais le résultat est plus frustrant qu’amusant.
Les ombres d’une gloire passée
La Hongrie fut autrefois le berceau de grandes comédies. Pensez simplement à Madonna impie ou à Macskafogó – ces films faisaient rire sans sacrifier la dignité de leurs personnages ou situations. Ce soir, nous tuons a été réalisé dans l’ombre de cet héritage, avec pour objectif de donner aux acteurs emblématiques une dernière chance de briller. Initialement dirigé par Sándor Csányi, qui l’avait envisagé comme une scène pour les meilleures performances des acteurs, le projet a ensuite été repris par Péter Fazakas. Malheureusement, le résultat ressemble davantage à un fantôme effacé de comédies policières.
Le film commence avec Tivadar Tolnai (András Kern), autrefois « le détective de la Télévision hongroise » dans une série historique, aujourd’hui détective privé vieillissant, tentant de résoudre un meurtre. Kern incarne un acteur arrogant et intransigeant, reprenant son ancien rôle avec une dose d’autodérision. Son enquête vise à mettre en valeur ses compagnons vétérans, chacun caricaturant son propre personnage de la vie réelle. Mais ce qui commence avec promesse s’essouffle rapidement, l’histoire finissant par s’étouffer dans son propre concept.
Pas exactement À couteaux tirés à la hongroise
Quiconque s’attendait à une version hongroise de À couteaux tirés d’après les affiches risque de quitter la salle déçu. Bien que la réalisation de Fazakas inclue tous les tropes classiques de la comédie policière – une victime, plusieurs suspects et un détective excentrique – ces éléments deviennent si clichés que le film donne l’impression d’une production superficielle et prévisible. Au lieu de capturer le frisson et l’intrigue des grands whodunits, le film s’oriente vers les clichés de la comédie locale, avec des gags bon marché et des moments de slapstick. Plutôt que de fonctionner comme une véritable intrigue policière, il se repose sur la personnalité des acteurs et leur alchimie, mais l’intrigue fragmentée se délite rapidement.
L’inspiration est évidente : le scénariste Norbert Köbli s’est inspiré de À couteaux tirés et du roman Le club des amateurs de meurtres de Richard Osman. Cependant, Köbli a finalement pris ses distances avec le film, et bien que le décor soit là – un meurtre en huis clos dans une maison de retraite pour acteurs et un détective inspiré par son passé – le produit final est tellement dispersé que même les meilleures scènes ne réussissent qu’à arracher un sourire à moitié sincère.
Grands noms, petit impact
Avec des noms comme Gyula Bodrogi, Róbert Koltai et Judit Pogány, ce film aurait pu être remarquable. Mais au lieu de laisser ces acteurs briller dans une véritable histoire policière, ils sont utilisés pour une nostalgie creuse. La présence mesurée de Pogány et le caractère exubérant de Bodrogi sont bien connus, ce qui rend encore plus douloureux de les voir réduits à des parodies d’eux-mêmes. Tolnai de Kern, qui se moque de tout le monde, de la jeune infirmière à ses collègues acteurs, incarne l’arrogance, tandis que le scénariste névrosé de Koltai et le médecin devenu acteur d’András Bálint tombent dans des stéréotypes superficiels.
La réalisation de Fazakas n’est pas un désastre, mais son utilisation visuelle des décors théâtraux est d’une monotonie décevante, ce qui entraîne chaque scène dans une lassitude répétitive. Bien que le public puisse être intrigué par l’histoire, à mesure que des scènes illogiques et prévisibles se succèdent, l’intérêt s’évanouit rapidement, et le mystère cède la place à une déception résignée : on réalise que ce n’est qu’un autre film hongrois fatigué.
Ici, seul le genre de la comédie policière se fait tuer
Au début, Ce soir, nous tuons semblait être une tentative de plus dans le genre de la comédie policière hongroise, mais il s’est finalement transformé en une comédie fade, truffée de clichés, s’appuyant davantage sur la notoriété des acteurs que sur une véritable intrigue. Ni András Kern ni les grands noms ne peuvent empêcher le film de laisser les spectateurs perplexes face à des blagues sans poids plutôt qu’aux retournements de situation. En cours de route, les créateurs semblent avoir oublié l’importance de l’équilibre entre l’humour et le suspense – et que la nostalgie ne peut pas remplacer un scénario bien écrit. Le plus grand crime du film ? Gâcher un casting de talents et nous laisser avec une comédie creuse et sans inspiration qui peine à se tenir debout.
– Gergely Herpai « BadSector » –
Ce soir, nous tuons
Direction - 2.4
Acteurs - 4.5
Histoire - 1.2
Visuels/Musique/Sons - 3.8
Ambiance - 2.8
2.9
RATÉ
Ce soir, nous tuons échoue là où une comédie policière devrait briller : pas de suspense, pas de blagues percutantes, seulement des acteurs familiers qui exploitent leurs vieux clichés. Bien que les grands noms auraient pu sauver le film, il livre des répliques fades et des rebondissements prévisibles qui ne réussissent qu'à susciter un demi-sourire de la part des spectateurs, las. Le plus grand péché de cette comédie policière ? Elle ne prend ni le mystère, ni le genre, ni le public au sérieux.