CRITIQUE DE SÉRIE – “Onimusha Saison 1”, sous la direction de Takashi Miike, fusionne le drame historique avec une touche surnaturelle, créant une toile éclaboussée de sang qui privilégie l’action à l’éloquence. Son animation, mélange controversé de 2D et de 3D, tantôt s’harmonise, tantôt heurte, nuisant à la cohésion du récit. Malgré ses incohérences esthétiques, la série offre une expérience samouraï viscérale qui capture l’essence du classique de Capcom, bien que moins raffinée que son inspiration vidéoludique.
La “Saison 1 d’Onimusha” débute avec la promesse de fusionner l’histoire avec l’horreur, un mélange qui s’est avéré puissant entre les mains des récentes adaptations de jeux vidéo de Netflix. Située pendant la période Sengoku, elle nous présente un Miyamoto Musashi buriné, dont l’allure fatiguée dissimule le guerrier acharné. L’effigie de Toshihiro Mifune n’est pas qu’un hommage visuel, mais une tentative d’ancrer le récit fantastique dans une forme de réalisme cinématographique. Le périple de Musashi est solitaire, ponctué par le choc des épées et le déversement du sang démoniaque.
Séquences d’action magistrales
Les séquences d’action, chorégraphiées de main de maître, sont le cœur de cette série. Chaque coup d’épée de Musashi est un vers d’un poème violent, la chorégraphie résonnant avec le rythme des jeux. C’est dans ces moments que la série brille véritablement, où le mélange d’animation 2D et 3D se justifie, rehaussant le combat dynamique et brutal que les fans attendent de la franchise Onimusha.
Pourtant, c’est entre ces moments forts que la série faiblit, dans les instants calmes où l’animation devrait permettre aux personnages de respirer, d’exprimer des émotions subtiles – c’est ici que les rendus 3D semblent maladroits, moins expressifs et parfois, inutiles. L’incohérence de ce choix se reflète dans les critiques, où le mélange des styles artistiques semble moins une décision artistique qu’une expérience sans direction claire. L’art 2D, détaillé et évocateur, semble étouffé lorsqu’il est associé à son homologue 3D moins raffiné.
Narrativement, la série tisse des tropes familiers à travers ses épisodes – le héros buriné, la poursuite inlassable de démons, et la quête de paix intérieure au milieu du chaos extérieur. Bien que ces thèmes ne soient pas nouveaux, ils sont confortablement familiers, une base sur laquelle la série aurait pu construire quelque chose de plus profond. Pourtant, la série opte souvent pour le spectacle plutôt que la profondeur, pour le rugissement de la bataille plutôt que le murmure du développement des personnages. C’est un choix qui divisera le public – certains y trouveront un parcours exaltant, d’autres une occasion manquée pour un récit plus riche.
Le doublage est un point fort, avec des performances qui ajoutent de la gravité aux personnages, les élevant au-dessus de dialogues parfois lourds. La bande-son mérite également d’être mentionnée – c’est une toile de fond émouvante pour le voyage de Musashi, un mélange d’instrumentation japonaise traditionnelle et de rythmes modernes qui encapsule le mélange d’ancien et de nouveau de la série.
Dans son ensemble, “Onimusha Saison 1” est un sac mélangé. C’est un clin d’œil nostalgique à la série de jeux qui satisfera de nombreux fans avec son adaptation fidèle de l’esthétique et de l’action du jeu. Mais en tant qu’anime autonome, il peine à se définir, à offrir un récit aussi captivant que ses visuels sont frappants.
Dans le panthéon des adaptations de jeux vidéo, “Onimusha” ne se tiendra pas comme le sommet. Pourtant, il ne tombe pas non plus dans les abîmes de l’obscurité. C’est une entrée solide, un témoignage du potentiel de telles adaptations lorsqu’elles osent embrasser pleinement leur matière première. On ne peut qu’espérer qu’avec une potentielle deuxième saison, la série affinera son approche visuelle, approfondira son récit et tiendra les promesses entrevues dans ses moments les plus sanglants et les plus beaux.
Une dualité de conflits, mais un manque de développement des personnages
L’approche de la série vis-à-vis de son matériau d’origine est louable ; elle ne se dérobe pas devant les éléments les plus fantastiques du jeu, ni ne dilue ses thèmes matures. Les démons que Musashi combat ne sont pas seulement imposants physiquement, mais sont aussi des manifestations de la lutte interne qu’il endure. Cette dualité de conflit, à la fois interne et externe, est un fil thématique qui tisse le récit, bien qu’il aurait pu être doté de plus de profondeur et de nuances.
Là où la série aurait pu plonger plus profondément, c’est dans le développement de ses personnages. Musashi, en tant que pièce centrale, se voit attribuer une histoire et une motivation substantielles, mais les personnages secondaires semblent souvent n’être que de simples accessoires, leur potentiel d’enrichir l’histoire inexploité. Les relations et interactions qui auraient pu apporter du poids émotionnel sont, parfois, éclipsées par la prochaine bataille imminente. Ce déséquilibre n’est pas unique à “Onimusha”, mais c’est un piège dans lequel de nombreuses séries centrées sur l’action tombent.
Le style visuel, qui a été un point focal de nombreuses critiques, est effectivement une épée à double tranchant. D’une part, l’animation en 3D apporte une qualité cinématographique aux scènes de bataille, leur conférant un poids et un impact que l’animation en 2D seule pourrait ne pas atteindre. D’autre part, les transitions entre les styles peuvent être brutales, sortant le spectateur de l’expérience plutôt que de l’y plonger davantage. C’est un pari stylistique qui est payant par endroits mais aussi coûteux à d’autres, en particulier dans les scènes où la résonance émotionnelle est cruciale.
Le rythme de la série est implacable, ce qui est à la fois une force et une faiblesse. La rapide succession de scènes d’action garantit qu’il n’y a jamais un moment d’ennui, mais cela signifie aussi qu’il y a peu de place pour la réflexion ou pour que l’anticipation se construise. Le récit avance à un tel rythme que la gravité de la quête de Musashi peut sembler diminuée, son ampleur épique réduite à une série de batailles enchaînées avec peu de temps mort.
Une adaptation de jeu vidéo ambitieuse et fidèle
Malgré ces critiques, il est essentiel de reconnaître ce que “Onimusha” réalise bien. Son engagement à livrer une histoire de samouraï imprégnée d’éléments surnaturels est inébranlable, et quand il atteint sa cible, il le fait avec une force mémorable. L’action est viscérale et bien exécutée, l’art, quand il n’est pas en conflit avec les changements de style, est saisissant, et il y a un charme indéniable dans son récit direct.
En conclusion, “Onimusha Saison 1” est une tentative ambitieuse de porter une série de jeux vidéo bien-aimée à l’écran. Elle trébuche dans son exécution, avec des incohérences visuelles et narratives qui ne peuvent être ignorées. Pourtant, elle avance aussi avec confiance dans les domaines où elle excelle : l’action, l’atmosphère, et une adhésion fidèle à l’esprit du jeu.
-BadSector-
Onimusha S1
Direction - 7.2
Interprétation - 7.8
Histoire - 7.4
Visuels - 7.5
Ambiance - 7.8
7.5
BON
"Onimusha Saison 1" livre un spectacle d'action samouraï et d'intrigue surnaturelle, mêlant habilement la chorégraphie inspirée du jeu à une narration cinématographique sous la direction de Miike. La série triomphe dans ses séquences d'action et performances vocales, bien qu'elle lutte avec une animation incohérente et des personnages sous-développés. Elle se présente comme une adaptation solide, sinon révolutionnaire, obtenant de bons scores dans des domaines clés et promettant un potentiel pour sa prochaine itération.