{"id":82640,"date":"2024-02-15T18:51:51","date_gmt":"2024-02-15T17:51:51","guid":{"rendered":"https:\/\/thegeek.site\/?p=82640"},"modified":"2024-02-15T18:51:51","modified_gmt":"2024-02-15T17:51:51","slug":"the-new-look-une-toile-profonde-de-guerre-et-de-mode","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/thegeek.site\/2024\/02\/15\/the-new-look-une-toile-profonde-de-guerre-et-de-mode\/","title":{"rendered":"The New Look \u2013 Une toile profonde de guerre et de mode"},"content":{"rendered":"
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Dans la s\u00e9rie, un personnage secondaire, un troisi\u00e8me cr\u00e9ateur de mode : Crist\u00f3bal Balenciaga (Nuno Lopes) m\u00e9dite sur l’avenir lors d’une nuit sombre sous l’occupation nazie, citant un ami qui d\u00e9crit la situation. “Toutes les mauvaises choses prennent fin, n’est-ce pas ?” interroge-t-il. “Mais maintenant, vous devez r\u00e9fl\u00e9chir : lorsque ce moment viendra, serez-vous capable de vivre avec ce que vous avez fait ? Je crois que nos choix ont un poids significatif.”<\/p>\n
The New Look d’Apple TV+ capture les moments d\u00e9finissants de la haute couture fran\u00e7aise, montrant comment la cr\u00e9ation a ramen\u00e9 l’espoir et la vie dans le monde d’apr\u00e8s la Seconde Guerre mondiale, comme une carte d’aper\u00e7u nous informe solennellement. Cependant, elle sert plus comme une r\u00e9flexion profonde sur l’importance de nos choix plut\u00f4t qu’une le\u00e7on d’histoire ou d’art, opposant deux rivaux, Christian Dior (Ben Mendelsohn) et Coco Chanel (Juliette Binoche), pendant cette p\u00e9riode.<\/p>\n
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Au d\u00e9but de The New Look, le monde du luxe et des g\u00e9ants de la mode captive presque le spectateur, avec des personnages dont l’importance et le style sont comparables \u00e0 ce que nous pourrions voir uniquement dans les vitrines des magasins de luxe de l’avenue Andr\u00e1ssy. Nous assistons \u00e0 des moments passionnants alors que Dior rencontre ses amis, Balenciaga et Pierre Balmain (Thomas Poitevin), ou \u00e0 la remarque m\u00e9prisante de Chanel selon laquelle Dior “ne m\u00e9rite pas les \u00e9loges somptueuses.” Initialement, ces s\u00e9quences d’ouverture sont principalement fascinantes parce que nous connaissons d\u00e9j\u00e0 ces noms c\u00e9l\u00e8bres du monde de la mode. En tant que s\u00e9rie sur les dictateurs de la mode, il n’est pas surprenant que The New Look soit minutieusement d\u00e9velopp\u00e9 : nous \u00e9blouissant constamment avec des lieux somptueux et des costumes d’\u00e9poque. Nous sommes enchant\u00e9s par des salles de bal luxueuses et des ateliers cosy, et les robes mentionn\u00e9es sont travaill\u00e9es jusque dans les moindres d\u00e9tails. Mais nous n’avons \u00e9galement aucune plainte concernant le c\u00f4t\u00e9 musical : \u00e0 la fin de chaque \u00e9pisode, nous pouvons entendre des chansons d’artistes c\u00e9l\u00e8bres interpr\u00e9t\u00e9es par Jack Antonoff : les m\u00e9lodies de “White Cliffs of Dover” de Florence Welch et de “Blue Skies” de Lana del Rey \u2013 encourageant le spectateur \u00e0 regarder le g\u00e9n\u00e9rique de fin juste pour la musique.<\/p>\n
Mais au-del\u00e0 des d\u00e9cors splendides et des excellents segments musicaux, la s\u00e9rie de Todd A. Kessler pr\u00e9sente Coco et Christian non pas comme des ic\u00f4nes de la mode, mais comme des personnes qui prennent souvent des d\u00e9cisions imparfaites, parfois r\u00e9pugnantes. Nous les rencontrons en 1943, lorsque aucun des deux ne montre beaucoup d’int\u00e9r\u00eat pour les \u00e9v\u00e9nements de la guerre et ne souhaite pas intervenir, mais le destin fait qu’ils sont in\u00e9vitablement impliqu\u00e9s. Christian est encore un cr\u00e9ateur \u00e9mergent, faisant des robes de bal pour des clients nazis sous les ailes de Lucien Lelong (John Malkovich), tout en fournissant secr\u00e8tement de l’argent, un abri et un soutien moral \u00e0 sa s\u0153ur r\u00e9sistante, Catherine (vue dans une performance d\u00e9chirante de Maisie Williams de Game of Thrones). Coco, qui avait d\u00e9j\u00e0 construit sa r\u00e9putation et sa fortune avant le d\u00e9clenchement de la guerre, mobilise initialement ses connaissances nazies uniquement pour tenter d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment de lib\u00e9rer son neveu, un soldat fran\u00e7ais fait prisonnier, mais au fil du temps, elle s’efforce de plus en plus de se sauver elle-m\u00eame et de pr\u00e9server son propre bien-\u00eatre.<\/p>\n
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D\u00e8s le d\u00e9but, les arcs narratifs de Coco et Christian sont si distincts qu’ils se rencontrent rarement en personne tout au long des dix \u00e9pisodes d’une heure de la s\u00e9rie. Cependant, Kessler cr\u00e9e habilement un lien entre les deux fils narratifs et les protagonistes, utilisant les profondeurs intellectuelles et \u00e9motionnelles qui se d\u00e9voilent \u00e0 partir de ces contrastes aigus. Dans une sc\u00e8ne, Christian partage ses pens\u00e9es avec un \u00e9tranger dans un caf\u00e9 sombre sur les rapports de nouvelles concernant les camps de concentration, tandis que dans la suivante, Coco et sa petite-ni\u00e8ce se prom\u00e8nent nonchalamment dans une rue commer\u00e7ante suisse. Les changements excitants mais habilement ins\u00e9r\u00e9s entre les vies des deux personnages pr\u00e9sentent des contrastes frappants entre eux, rendant la personnalit\u00e9 et les actions de Chanel particuli\u00e8rement \u00e9coeurantes par moments.<\/p>\n
L’histoire de Coco est plus facile \u00e0 suivre ; The New Look fait habilement le pont pour comprendre ses motivations sans excuser ses actions. Le personnage de Binoche est captivant et attrayant, mais souvent incalculablement calculateur, froid et cynique. Dans le premier \u00e9pisode, nous la voyons emmen\u00e9e “faire du shopping” par un s\u00e9duisant agent nazi dans un appartement confisqu\u00e9 \u00e0 une riche famille juive. Coco est momentan\u00e9ment \u00e9mue en regardant les photos des anciens occupants, r\u00e9fl\u00e9chissant au fait que “sans richesse et pouvoir, nous sommes tous rempla\u00e7ables.” Cependant, lorsqu’elle voit un objet d\u00e9sirable, tous les doutes et scrupules moraux disparaissent, et ses pens\u00e9es \u00e9lev\u00e9es s’\u00e9vaporent instantan\u00e9ment. Plus tard, alors que les nazis commencent \u00e0 d\u00e9cliner, Coco se plaint passionn\u00e9ment d’\u00eatre injustement \u00e9tiquet\u00e9e collaboratrice, soulignant que rien n’\u00e9tait vraiment de sa faute, rendant ainsi son m\u00e9canisme de d\u00e9fense compl\u00e8tement compr\u00e9hensible et clair pour le spectateur.<\/p>\n
En revanche, la psychologie de Christian est plus complexe et plus hantante. Il ressent profond\u00e9ment la culpabilit\u00e9 pour tout ce qui arrive \u00e0 sa s\u0153ur Catherine, et il serait s\u00fbrement le premier \u00e0 admettre qu’elle est la v\u00e9ritable h\u00e9ro\u00efne de cette histoire. Pourtant, il est \u00e9galement un personnage v\u00e9ritablement complexe – fragile et constamment effray\u00e9, mais fondamentalement bienveillant, un d\u00e9part significatif des r\u00f4les pr\u00e9c\u00e9dents de Mendelsohn, beaucoup plus n\u00e9gatifs et sordides (y compris le drame Netflix de Kessler, Bloodline). Christian anticipe toujours la punition, parlant souvent de mani\u00e8re confuse, timide ou soumise, inquiet de la gravit\u00e9 de la situation ou de sa s\u0153ur, fr\u00e9quemment avec la t\u00eate baiss\u00e9e. Mendelsohn exprime la douleur, la peur ou le chagrin de Christian avec une puissance d’acteur formidable, bien que le sc\u00e9nario ne lui donne peut-\u00eatre pas assez de place pour cela.<\/p>\n
Bien que Christian et son patron : Lucien (John Malkovich parle avec un accent un peu \u00e9trange dans ce r\u00f4le) r\u00e9fl\u00e9chissent parfois \u00e0 la mani\u00e8re dont l’immersion dans la cr\u00e9ation pourrait \u00eatre un moyen de supporter l’occupation allemande et les horreurs de la guerre, l’inspiration et le processus cr\u00e9atif de Christian ne sont n\u00e9anmoins pas suffisamment explor\u00e9s dans The New Look.<\/p>\n
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