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Derri\u00e8re le rideau : L’artiste et l’homme<\/h3>\n
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Ce portrait m\u00e9ticuleusement \u00e9labor\u00e9 se concentre non seulement sur l’ascension de Dylan au d\u00e9but des ann\u00e9es 1960, mais aussi sur la mani\u00e8re dont il s’est constamment prot\u00e9g\u00e9 des regards du public. D\u00e8s le d\u00e9but du film, on le voit construire activement sa propre image et, \u00e0 la fin, il est clair pour le spectateur que ses actions pr\u00e9figurent son avenir. Cet avenir est pav\u00e9 de r\u00e9volution, car nous assistons \u00e0 l’\u00e9mergence de Dylan en tant qu’interpr\u00e8te et auteur-compositeur, d\u00e9couvrant sa voix unique tout en luttant constamment contre les tentatives de l’enfermer dans certaines \u00e9tiquettes.<\/p>\n
Timoth\u00e9e Chalamet m\u00e9rite pleinement les \u00e9loges qu’il ne manquera pas de recevoir pour son interpr\u00e9tation d\u00e9vou\u00e9e. Il a non seulement appris \u00e0 jouer de la guitare et de l’harmonica, mais il a aussi parfaitement reproduit les inflexions vocales de Dylan, que ce soit en chantant ou en parlant. Ce qui est vraiment remarquable dans sa performance, c’est qu’elle ne ressemble jamais \u00e0 une simple imitation. Les intonations de Dylan sont tout \u00e0 fait naturelles, et Chalamet incarne sans effort l’arrogance tranquille qui d\u00e9finissait parfois le personnage public de Bob.<\/p>\n
Monica Barbaro livre \u00e9galement une performance remarquable, capturant parfaitement la passion et la pr\u00e9sence puissante de Joan Baez, en particulier dans les moments o\u00f9 Bob s’attire ses foudres et o\u00f9 elle n’h\u00e9site pas \u00e0 faire conna\u00eetre son m\u00e9contentement. Assurer une bonne performance musicale est un d\u00e9fi en soi, mais chanter une chanson de mani\u00e8re impeccable et professionnelle tout en faisant comprendre \u00e0 la cam\u00e9ra \u00e0 quel point vous \u00eates furieuse contre l’homme qui chante \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de vous, c’est un tout autre niveau d’art.<\/p>\n
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Sur sc\u00e8ne et au-del\u00e0 : Le pouvoir de la musique<\/h3>\n
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C’est le genre de magie que l’on ne peut obtenir que par la performance en direct d’un artiste vraiment dou\u00e9. L’une des plus grandes forces du film r\u00e9side dans ces s\u00e9quences de concert, les acteurs jouant v\u00e9ritablement en direct, ce qui conf\u00e8re \u00e0 l’exp\u00e9rience une authenticit\u00e9 et une imm\u00e9diatet\u00e9. Edward Norton est particuli\u00e8rement captivant dans le r\u00f4le de Pete Seeger, et il y a quelque chose d’irr\u00e9sistiblement charmant dans la fa\u00e7on dont il entra\u00eene la foule dans une interpr\u00e9tation de “The Lion Sleeps Tonight (Wimoweh)”. Qu’il gratte un air folklorique classique ou qu’il se plonge dans le monde du rock and roll, la pr\u00e9sence de Chalamet sur sc\u00e8ne est \u00e9lectrisante. (Oui, le jeu de mots \u00e9tait tout \u00e0 fait intentionnel).<\/p>\n
La plus grande faiblesse de A Complete Unkown <\/em>peut \u00eatre parfaitement r\u00e9sum\u00e9e dans le personnage de Sylvie Russo, qui est bas\u00e9 sur Suze Rotolo – la femme qui a illustr\u00e9 la pochette de l’album The Freewheelin’ Bob Dylan<\/em>, mais qui \u00e9tait aussi une artiste, une activiste et une \u00e9crivaine \u00e0 part enti\u00e8re.<\/p>\n Elle Fanning s’investit pleinement dans le r\u00f4le de Sylvie, mais ses sc\u00e8nes tendent \u00e0 faire retomber le film dans les clich\u00e9s bien connus du genre biopic musical, clich\u00e9s que le film parvient par ailleurs \u00e0 \u00e9viter en grande partie. Il est certainement juste d’explorer l’id\u00e9e qu’un artiste musical puisse avoir des relations compliqu\u00e9es avec les femmes, mais malgr\u00e9 la reconnaissance de la vie fascinante et ind\u00e9pendante que m\u00e8ne Sylvie, le personnage de Fanning est souvent r\u00e9duit au st\u00e9r\u00e9otype de la “petite amie acari\u00e2tre”, la femme qui ne comprend tout simplement pas Bob.<\/p>\n Ceci est particuli\u00e8rement \u00e9vident lorsque Bob invite Sylvie \u00e0 l’accompagner au Newport Folk Festival de 65, amplifiant encore le chaos des \u00e9v\u00e9nements qui s’y d\u00e9roulent. Le film pr\u00e9sente cela comme le dernier clou dans le cercueil de leur relation, bien qu’il ait d\u00e9j\u00e0 d\u00e9peint une rupture ant\u00e9rieure. Tout cela semble plut\u00f4t inutile, car la pr\u00e9sence de Sylvie dans ces sc\u00e8nes ne sert \u00e0 rien d’autre qu’\u00e0 rappeler au public \u00e0 quel point leur relation \u00e9tait toxique. C’est d’autant plus gratuit qu’il n’y a aucune preuve concr\u00e8te que la vraie Suze Rotolo \u00e9tait pr\u00e9sente \u00e0 Newport.<\/p>\n <\/p>\n